Bouquin : bonnes nouvelles

De bonnes nouvelles aujourd'hui !
Côté Asie bien sûr, avec une centaine de pages glacées de Yoko Ogawa (une japonaise couronnée de nombreux prix littéraires) intitulées : l'annulaire. Une histoire d'amour et de fascination entre une jeune femme et un taxidermiste un peu spécial ... (publié chez Babel).
"Ici, le travail n'est pas aussi compliqué qu'il n'y parait. Il suffit d'un peu d'ordre et de circonspection pour s'en acquiter sans problème. Il est même presque trop simple."
"Cela fait déjà un certain temps que le laboratoire existe, et jusqu'à présent la plupart des jeunes filles sont parties en moins d'un an. Enfin, je me demande si le mot partir est exact."
Et du côté France, avec deux nouvelles de Maylis de Kerangal publiées chez Verticales : Ni fleurs ni couronnes, suivi de Sous la cendre. Une écriture très recherchée (avec même quelques tics, mais qui passent bien dans ces courtes histoires), une écriture sensuelle qui dit le langage des corps et des désirs dans une nature mortifère : l'océan pour ni fleurs ni couronnes et le volcan Stromboli de sous la cendre.
Ni fleurs ni couronnes a pour décor le naufrage du paquebot Lusitania coulé près de l'Irlande par les allemands en 1915.
"Une livre pour un noyé. C'est ce que ça rapporte. Une livre égale un cadavre. Un cadavre égale une livre. Pas de quoi se creuser la tête."
"Alors ils temporisent. Occupent la nuit comme ils occupent le morceau de terre où ils se sont assis, cherchent des gestes à faire pour leur corps, pour leurs mains et pour leurs pieds, grattent la terre avec le bout de leurs chaussures, y tracent machinalement des signes avec des brindilles, cueillent des feuilles de bambou qu'ils déchirent dans le sens des fibres."
Et pour finir, Béatrice Hammer (chez Mercure de France) nous livre, sous le titre de l'une d'elles : L'homme-horloge, quelques histoires d'amour des gens très très ordinaires (certaines romantiques, d'autres inégales, mais plusieurs valent le détour).
"Il y a des histoires d'amour qui ne commencent jamais, et qui mettent toute une vie à se terminer".

Cinoche : Marie-Antoinette

Les grands apprécieront sans doute le Marie-Antoinette de Sofia Coppola (même si les plus jeunes risquent de s'y ennuyer).
On y découvre Versailles comme on ne l'a jamais vu, illuminé par la rayonnante Kirsten Dust. Et envoutés par les fastes de la cour et les états d'âme de la trop jeune reine, on se prend à regretter qu'advienne finalement la Révolution !
Pour les fans : une paire de Converses se cache parmi la multitude de chaussures qui parsèment le film !

Cinoche : Da Vinci code

Pas mal d'hésitations avant d'aller voir le Da Vinci Code et encore plus avant de mettre en ligne ce bulletin sur le blog. Est-il en effet besoin de faire encore de la pub pour ce produit marketing ? Des fois que vous auriez loupé la campagne de promo !
Nous étions poussés par la jeune génération, devenue accro au "Mystère" après avoir dévoré le livre, mais ce sont finalement les campagnes nauséabondes de l'Église et de sa censure qui nous ont décidés (cf. dessin à gauche). Alors, histoire de faire contrepoint aux très méchantes critiques des festivaliers de Cannes, sachez que nous avons finalement été plutôt agréablement supris par cette version "polar" d'Indiana Jones et la dernière croisade. Comme le livre, le film (un peu lent et un peu long) est envahi par le scénario qui laisse peu de place à des personnages peu épais. Mais on se laisse prendre avec plaisir par cette histoire qui joue avec l'Histoire, et qui captivera ceux qui n'ont pas encore lu le pavé plutôt que les fans de la première heure qui savent déjà tout !
Alors, ce billet ne fera certainement pas date dans les annales du blog, mais le film peut bien agrémenter un après-midi de pluie et de grand vent !

Bouquin : Chemins de poussière rouge

Aux éditions de l'Aube, un passionnant et autobiographique récit de voyage : Chemins de poussière rouge de Ma Jian, un chinois exilé à Londres avec donc une écriture tout à fait occidentale.
Dans les années 1980, Ma Jian est un intellectuel dissident à Pékin, et pour fuir les tracasseries politiques, il se lance dans un périple à travers la Chine de Den Xiaoping : un voyage très pittoresque, riche de culture et vraiment passionnant dans les profondeurs de l'immense Chine, du Pacifique aux déserts et jusqu'aux confins du Tibet.
Un roman qui vient en contrepoint des romans policiers de Qiu Xiaolong et en écho au film Shanghaï Dreams.
Quelques extraits apéritifs :
"L'homme qui dort dans le lit à côté du mien ronfle bruyamment. Il va finir par me rendre fou. Il est chauffeur routier. Il a toujours peur que quelqu'un lui vole son essence la nuit, il a donc roulé ses barils jusque dans le dortoir. Les vapeurs sont asphyxiantes. Je pars demain dès que je me lève."
"C'est agréable de passer une journée à écrire des lettres. On a l'impression de voyager à travers l'espace."
"Ma pauvreté me permet de me déplacer aussi librement qu'une feuille au vent, mais, parfois, j'aimerais qu'une pierre me tombe dessus et me cloue au sol."
"Je me souviens de la légende des collines au Sable chantant. Une armée de guerriers impériaux campait une nuit dans le désert et une soudaine tempête de sable les enterra vivants. On raconte que, si le vent souffle dans la bonne direction, on peut entendre les fantômes des soldats hurler à l'intérieur des dunes."

Miousik : Tiken Jah Fakoly

Tiken Jah Fakoly nous donne un reggae ivoirien qui swingue aux textes "basic politic" rafraîchissants, on aime tout particulièrement son album Francafrique et on vous a préparé quelques extraits à écouter :
- un extrait de Afrika
- un extrait de Missiri
- et enfin, le Balayeur Balayé,
pour le reste, rendez-vous sur Fnac Music.
Plus de détails sur Wikipédia et le site officiel derrière l'image.

Cinoche : V pour Vendetta

Après Renaissance dont on avait déjà parlé, voici à nouveau de quoi changer du cinoche habituel.
V pour Vendetta est sorti depuis le 19 avril et s'inspire d'une BD (Comic) de la fin des années 80, d'Alan Moore.
Si la BD visait la poigne de fer des années Thatcher, le film cible plutôt les années Bush. Outre cette BD, le film est plein de références : du Fantôme de l'Opéra à 1984 d'Orwell en passant par Le Comte de Monte-Cristo.
C'est également l'occasion de réviser l'histoire anglaise et notamment l'épisode de la Conspiration des Poudres menée par Guy Fawkes le 5 novembre 1605. 
Mais la BD et le film se situent eux dans le futur (un futur étrangement proche ...) même si le volet "science-fiction" sait se faire encore plus discret que dans Renaissance et ne rebutera donc personne. C'est avant tout un thriller bien rythmé même si le propos est très politique qui raconte une conspiration et les prémisses d'une révolution dans une Grande-Bretagne devenue fascisante.
Attention côté BD, les dessins de style "Comic US" ne seront pas du goût de chacun.