Cinoche : Inglourious basterds

La leçon de cinéma.

On craignait un peu que les critiques s'auto-congratulent devant le talent attendu de la coqueluche du box-office, mais non, Tarantino est vraiment en très grande forme.
Dès la musique du générique, avant même la première image, on jubile dans son fauteuil, retrouvant le cinéma de quand on était ado, regrettant presque de ne pas avoir acheté de pop-corn à l'entrée.
Ça démarre comme un western avec même une petite maison dans la prairie, mais une prairie de France, une France de carte postale (c'est un film US !), histoire de planter le décor de cette deuxième guerre : les juifs pourchassés par les affreux nazis.
Le deuxième chapitre met en piste les fameux Inglourious basterds, genre douze salopards : Brad Pitre campe une caricature d'américain à la Clark Gable, à l'accent chewing-gum impayable, à la tête de sa petite troupe de juifs parachutés en France au moment du débarquement et chargés de dégommer un max de nazis avant l'arrivée des troupes alliées (et récupérer leurs scalps pour rester dans l'ambiance western).
Le reste de l'intrigue se complique un peu et il faut un petit peu de temps pour tout mettre en place.
On renâcle un peu aussi à la mise en scène tragicomique d'Hitler ou Goebbels ... les ricains n'ont pas nos tabous européens.
Mais bon sang, ça valait le coup ! Quel film ! Ça décoiffe !
On rit, on jubile, on savoure, on se cache les yeux pour échapper aux détails trop gores ! Du grand cinoche.
Chaque chapitre est l'occasion de scènes d'anthologies, tracées à la pointe fine et réglées au millimètre.
Les dialogues sont époustouflants et plusieurs confrontations (y'a quand même des nazis et des gestapistes !) transmettent une tension extraordinaire alors que les personnages semblent rivaliser de sourires et de mondanités à l'écran !
C'est d'ailleurs un film à voir impérativement en VO : les jeux de langues entre le français, l'anglais et l'allemand, les jeux d'accents même, font partie intégrante de l'intrigue et des ressorts comiques ou dramatiques du film.
Belles prestations d'acteurs également puisque, outre Brad Pitt et son accent de l'ouest profond, on y croise la belle Mélanie Laurent (celle de Je vais bien ...) et l'impeccable et surprenant autrichien Christoph Waltz qui joue le rôle du vilain méchant capable des plus beaux sourires et de la plus grande affabilité en bonne société.
Tout le film est aussi un vibrant hommage au cinéma : bourré de références (des westerns spaghettis d'Ennio Morricone à Danielle Darrieux en passant par Leni Riefenstahl dont on parlait il y a peu) le film démontre tout simplement que l'on peut éviter la guerre grâce au cinéma, rien de moins !
On pourrait regretter que Tarantino semble réduire ici la seconde guerre mondiale à la chasse aux juifs par les nazis, c'est un peu court mais bon, c'était sa règle du jeu, ne boudons pas notre plaisir.


Pour celles et ceux qui aiment qu'on leur fasse du cinoche.
D'autres avis sur Critico-Blog.

Bouquin : Le sauveur

Sauve qui peut !

Le dernier Jo Nesbo, Le bonhomme de neige, nous avait laissé un arrière-goût de déception tant le maître norvégien es polars nous avait habitués à du bon, du très bon.
Ouf, la veine n'est pas tarie : Le sauveur renoue avec les meilleures heures de l'inspecteur Harry Hole.
C'est du pur Jo Nesbo, noir et désespéré à souhait.
Ça démarre on ne peut plus glauque entre un faux suicide de junkie et un viol dans les rangs de l'Armée du Salut.
[...] " Tu dis un seul mot, et je te taille en pièces " chuchota-t-il.
Et elle ne dit jamais un seul mot. Car elle avait quatorze ans, et elle était sûre que si elle fermait les yeux très fort et se concentrait, elle verrait les étoiles à travers le toit. Dieu avait le pouvoir d'accomplir ce genre de choses. Si seulement Il le voulait bien.
Mais, comme chacun sait aujourd'hui, Dieu est très occupé et n'est que très rarement à l'écoute de ses ouailles ...
[...] " Mais quand Dieu ne fait pas son boulot, il faut bien que quelqu'un d'autre le fasse. "
Alors c'est Le Sauveur qui s'y colle.
Un croate qui a gagné son surnom pendant le siège de Zagreb en rampant sous les chars serbes pour leur coller une mine aux fesses. Et qui depuis, s'est recyclé en tueur à gages, choisissant soigneusement les causes à sauver, accordant le salut éternel avec une efficacité toute professionnelle.
Bien sûr ça dégénère et l'ami Harry Hole devra démêler tout cela sans s'y mêler lui-même, enfin pas trop.
Un milieu original que cette Armée du Salut, décrite ici comme une secte obsédée par le "salut" de ses junkies, une famille trop unie où la loi du silence prime coûte que coûte, et qu'on ne s'attendait guère à retrouver dans ce pays nordique, riche et modèle ...
[...] Et n'était-ce pas un constat d'échec criant pour la démocratie sociale la plus réussie - tout au moins la plus riche - du monde que d'autoriser que la drogue et l'argent puissent changer de main au grand jour, en plein cœur de la capitale ?
Un excellent épisode, on l'a dit, où Jo Nesbo nous promène par le bout du nez de Zagreb à Oslo (avec même une petite virée à Paris !).
Et où les fans de la série découvriront de nouvelles ramifications de la corruption qui gangrène la police d'Oslo depuis le trafic d'armes de l'affreux Waaler, mis à jour dans les épisodes précédents.


Pour celles et ceux qui aiment les contes de Noël.
Folio policier édite ces 670 pages en poche qui datent de 2005 en VO et qui sont traduites du norvégien par Alex Fouillet.
Le Golb en parle. D'autres avis sur Critiques Libres.

Miousik : Janis Joplin

Woodstock experience !

On fête ce mois-ci les quarante ans du festival de Woodstock et Sony Music en profite pour rééditer quelques artistes en CD remasterisé comme on dit.
BMR et MAM, étions juste un tout petit peu trop jeunes pour être vraiment de la fête, mais ce rendez-vous fut quand même celui des artistes qui marquèrent notre éducation musicale.
Parmi les très très rares qui traverseront ces quarante ans et qui aujourd'hui trouveront encore grâce à nos oreilles, il y aura (avec Jimi Hendrix peut-être) Janis Joplin.
Et quand on dit "grâce", on a tout dit.
Ah ! ce won't you move over qui nous aura fait frissonner ... !
On vous en propose un extrait plus long ici : Move over .
Janis se servait de sa voix comme d'un véritable instrument et le groupe qui l'accompagnait devait pousser les cuivres pour la suivre, comme ici avec le final de Work me, Lord .
Ah ! ce contrepoint  !
C'est sûr, c'est pas de la musique de salon et ça ne s'écoute pas au volant au feu rouge, mais ça aura quand même traversé quarante ans et conservé intact toute sa puissance et son émotion.
On parlait il y a quelques semaines de Paolo Nutini, voilà qui tombe à pic pour faire judicieusement écho à ce précédent billet.


Pour celles et ceux qui aiment la voix de l'âme.

Cinoche : Là-haut

Spirit of adventure.

Rarement film d'animation aura fait preuve d'un tel équilibre : Là-haut est vraiment une belle réussite.
On parle à dessein (animé) de film d'animation car on se croirait vraiment dans un vrai film : des paysages plus beaux que les vrais, autant d'émotion que dans une comédie, autant de palpitations que dans un james bond, autant d'humour que dans un ... dessin animé.
L'ambiance graphique du vieux monsieur et de sa maison volante vaut le déplacement (en ballon).
Le début du film raconte, avec une rare économie de mots, la vie émouvante du vieux monsieur bougon qui, depuis tout petit, rêvait de devenir explorateur en ballon dirigeable (le Spirit of adventure) sur les traces d'un aventurier célèbre disparu en Amérique du Sud. Toute sa vie défile en quelques minutes depuis son enfance et son mariage avec Ellie, une jolie rêveuse comme lui, jusqu'à la solitude du veuvage. La vie de ceux qui courent après leurs rêves sans jamais les réaliser.
Excédé par des promoteurs qui veulent le caser en maison de retraite pour raser sa maison, le vieux monsieur bougon gonfle des ballons (c'était sa profession : vendeur de ballons de baudruche) et décolle vers l'Amérique du Sud ... emportant à l'insu de son plein gré un jeune scout rondouillard qui veut absolument accomplir sa B.A. : rendre service à une personne âgée.
La mécanique de ce couple improbable (le vieux ronchon et le petit grassouillet) fonctionne à merveille et situations et dialogues sont tout sauf bébêtes : c'est parti pour l'Aventure, celle avec un grand A, celle de Jules Verne, celle du Spirit of Adventure, celle des rêves du vieux monsieur et de sa regrettée Ellie.
Le tandem improbable fera bien évidemment quelques rencontres impossibles : aventure(s) et humour sont au rendez-vous, on vous laisse la primeur des découvertes.
Vous pourrez lire ici ou là que la première partie du film (la rétrospective de la vie du vieux monsieur) est magnifique mais que la suite laisse plus à désirer : c'est vrai que le changement de ton est notable mais pour notre part à tous les trois on était impatients de décoller et on ne s'est pas ennuyés un seul instant, bien accrochés à nos fauteuils (une bonne partie du film se passe quand même ... là-haut !).
Une réussite bien plus aboutie que le récent Coraline.
Juste un petit regret pour la 3D qui, certes donne de la profondeur aux différents plans du dessin, mais sans plus : visiblement, producteurs et distributeurs ont trouvé là un filon pour extorquer 3€ de plus aux spectateurs.
Signes des temps vieillissants de nos sociétés modernes ? ici le vieil homme bougon qui ne veut pas de l'hospice et dans le dernier Miyazaki (Ponyo), le petit Sosuke qui fréquente le jardin d'enfants comme la maison de retraite voisine ...


Pour celles et ceux qui aiment l'esprit de l'aventure.
D'autres avis sur Critico-Blog.
Le site du film qui permet de composer soi-même son fond d'écran (super).


Au passage, ne manquez pas la bande annonce de Numéro 9, le film d'animation de Tim Burton et Shane Acker prévu pour août et dont la palette graphique, façon steampunk, semble très très prometteuse (ici aussi).

Miousik : Reggae

Un air de vacances.

C'est presque les vacances, les week-ends se prolongent, les blogues tournent au ralenti et bientôt nous aussi.
Pour se rafraîchir les oreilles, voici deux petits reggae sympas et sans prétentions :
William Baldé (mi-guinéen, mi-sénégalais) avec son Corps Étranger , une romance sur l'exil qui nous avait échappé l'an passé ...
et Tom Frager (surfeur guadeloupéen) avec une musique très îlienne (ah, ça nous rappelle le kaneka de Nouméa !) et dont la petite Lady Melody  nous a bien accrochés.
On aime fredonner en boucle sur la route des vacances, ces refrains qui parlent de voyages :
[...] On a beau faire des détours, on y revient, on y revient toujours,
On a beau faire des détours, on y reviendra un jour ...
Ou encore celui de Tom Frager :
[...] Elle est dans ma tête, elle ne m'abandonne jamais,
Je la trouve encore plus belle quand elle s'habille en reggae,
Elle me suit à chaque voyage loin d'ici,
Elle est ma Lady Melody ....
C'est frais et idéal pour cet été. Jah !
On devrait reparler prochainement de reggae avec Groundation, un reggae mi-roots, mi-jazzy (mais pas trop), concocté par un groupe de blancs de la Côte Ouest emmené par le très charismatique et très barbu Harrison Stafford.


Pour celles et ceux qui aiment la musique des îles.