Cinoche : Dans la vallée d'Elah

Que sont nos jeunes soldats devenus ?

On est fans de Tommy Lee Jones et on s'est régalé avec le film de Paul Haggis : Dans la vallée d'Elah.
Même si ce film profondément noir et désespéré ne prête pas vraiment au sourire, c'est le moins qu'on puisse en dire.
Un père, ancien militaire, enquête sur le meurtre de son fils, assassiné à son retour d'Irak où il était en mission.
Il ne faut pas envoyer des héros dans des endroits comme l'Irak. C'est la merde.
Comme un étrange écho à l'Ennemi intime d'il y a quelques jours.
Tout le propos du film est là. Pourquoi envoyer nos enfants dans ces sales guerres ? Quelles horreurs vivent-ils là-bas ? Comment peuvent-ils se réintégrer au retour ?
C'est la quête vaine de Tommy Lee Jones, tandis que la mère, Susan Sarrandon, se désespère et que Charlize Theron essaie tant bien que mal de mener l'enquête officielle.
Ces trois-là sont vraiment excellents et donnent corps au désespoir qui baigne ce film.
Un film à la tension presque palpable, la caméra au plus proche des êtres.
MAM a trouvé un peu long mais BMR a apprécié la lenteur linéaire de cette enquête, de cette quête, propice à distiller le malaise et l'émotion qui imprègnent ce film.
Les horreurs de l'Irak sont à peine suggérées par des bouts de vidéos cahotiques récupérées d'un téléphone mobile (vidéos telles que l'on peut en trouver parait-il sur le web), tandis que de l'autre côté de l'océan, l'Amérique y est longuement filmée de façon étrange, grise et blafarde. On se croirait sur une autre planète, presque désincarnée et en tout cas déshumanisée. Du parking au motel, du fast-food au bar topless, nulle place pour l'ombre d'une romance ou même un sourire.
C'est d'ailleurs bien la seule morale du film : il y a quelque chose de pourri au royaume de l'oncle Bush qui ne veut pas ouvrir les yeux sur ce que sont devenus ses jeunes soldats partis combattre Goliath et Tommy Lee Jones finit par hisser la bannière étoilée à l'envers, signal de détresse - nous sommes perdus.
Le film se clôture d'ailleurs avec la chanson Lost (We're lost, les paroles sont ici) d'Annie Lennox tirée de son récent album : Songs of massive destruction ... tout un programme !
MAM a relevé cette scène qui met à table Tommy Lee Jones avec l'un de ses collègues, vétéran de l'armée comme lui. Le collègue retraité est sur le départ, en camping-car, pour retrouver ses petits-enfants et avoue ne pas/ne plus pouvoir aider Tommy Lee Jones. Manifestement, il a rompu avec son passé militaire et c'est peut-être la seule petite lueur de ce sombre film. Tommy Lee Jones y reste englué, lui qui, finalement, aura envoyé ses deux fils se perdre dans la vallée d'Elah ...

Le film prend son titre dans la Vallée d'Elah, la plaine des térébinthes, au Moyen-Orient, ou le petit David fut envoyé combattre le géant Goliath. 
David qui lui-même, quelques années plus tard, enverra Urie le Hittite au casse-pipe, en espérant bien ne pas le revoir afin de pouvoir s'accaparer son épouse Bethsabée. Et le fils de David et Bethsabée périra de la colère divine (vous vous en souvenez peut-être, on avait déjà croisé cette légende biblique dans le bouquin de Jo Nesbo : Rouge-Gorge).

Pour celles et ceux qui aiment les histoires fortes et vraies. 
D'autres avis sur Critico-Blog. 
Et en écho à ce film (à moins que ce ne soit l'inverse) : un article du Monde qui reprend CBS sur les suicides des anciens militaires d'Afghanistan et d'Irak.

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