Cinoche : There will be blood


La ruée vers l’or.

Dans l'Ouest américain, dans les années 1910-1920, la ruée vers l'or a fait place à la ruée vers l'or noir.
Les prospecteurs ont conservé leurs pioches et leurs pelles et ont continué de creuser cette terre sauvage pour en extraire le pétrole.
Le film s'ouvre sur des scènes terribles de cette dure condition des mineurs. Dès les premières images, le ton est donné et on est scotché sur son siège et on le restera jusqu'aux dernières images, dans un autre registre, mais tout aussi fortes.
La bande son, due au guitariste de RadioHead, y est aussi pour quelque chose qui souligne dramatiquement chaque scène et fait croître la tension.
Dans un far-west désolé et désertique, où l'on survit avec quelques chèvres, on peut se retrouver du jour au lendemain assis sur un tas d'or noir.
Superbe reconstitution de cette course au trésor qui met en scène ces nouveaux cow-boys en train de faire naître notre époque.
Daniel Day-Lewis campe magistralement l'un de ces prospecteurs, un entrepreneur, prêt à tout pour exproprier quelques paysans enfermés dans leur religion, forer ses puits et faire jaillir le sang noir de la terre.
C'est presqu'une naissance, une délivrance, celle de l'Homme englué dans la boue, les pieds qui pataugent, qui s'enfonce dans le sol pour exploiter cette richesse et pouvoir ainsi s'élever au-dessus de sa condition.
Mais la terre ne se laisse pas facilement forer et chaque puits aura son prix en vies humaines. Ce qui nous vaut quelques images d'une rare violence.
There will be blood, oui : le sang va couler, celui des hommes comme celui, noir, de la terre.
Mais plus que la violence, c'est une dureté, une extrême dureté, intense, physique, qui émane de ce film et de la vie de ces hommes de l'Ouest.
Après cette première partie sauvage, la seconde moitié du film se concentre sur le duel entre deux personnalités. Un drame quasi théâtral, même si la scène de théâtre est vaste comme peut l'être le far-west.
Daniel Day-Lewis incarne donc l'un de ces entrepreneurs, l'un de ces pétroliers (oil men en VO), obnubilés par les pétro-dollars.
Un misanthrope halluciné dont l'obsession est d'écraser ses concurrents, de faire place nette autour de lui,  d'écarter toute humanité (jusqu'à son fils, son frère, ...), de se réfugier dans la solitude.
Face à lui, un autre illuminé, un prédicateur de l'Église de la Troisième Révélation, en la personne de Paul Dano (le frère mutique de Little Miss Sunshine). Tout aussi convaincant dans le rôle trouble d'un quasi-exorciste, un visage d'ange qui cache d'autres démons.
Tous deux bâtissent : l'un son derrick, l'autre son église. Tous deux sont faits de bois.
Tous deux sont faits du même bois et sont hantés par les mêmes folies tandis que leurs visages se masquent sous les noires couleurs du pétrole.
L'espace Californien est grand, mais il ne l'est pas assez pour ces deux-là.
Paranos et mégalos, ils finiront pas sombrer tous les deux : Daniel Day-Lewis dans l'alcool et la misanthropie, Paul Dano dans le pêché de la chair.
Et, c'était annoncé, le film se terminera dans le sang. Noir encore, mais celui d'un homme cette fois.
L'argent, le pétrole et le fanatisme : toute une époque en train de naître. La nôtre.
Un film « impressionnant ».



Pour celles et ceux qui aiment voir couler le ... pétrole.
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