Cinoche : L’affaire Farewell

L’espion venait du froid.

En 1981, François Mitterrand donne à Ronald Reagan une liste de noms d'espions soviétiques infiltrés dans les labos, académies et officines gouvernementales US, jusqu'au Pentagone, "en échange" du droit de garder quelques ministres communistes à son premier gouvernement.
Deux ans plus tard, une série d'arrestations et d'expulsions aux US et dans toute l'Europe de l'ouest vient démembrer l'immense réseau d'espionnage technologique pour lequel les soviétiques dépensaient plus d'argent que pour leur propre recherche.
Les américains lancent alors leur coup de bluff sur la guerre des étoiles et l'URSS commence à vaciller sur ses bases, privée de ses yeux et oreilles à l'ouest. C'est le début de la fin et Gorbatchev tente de convaincre ses collègues déjà à moitié embaumés, de l'urgence de réformes.
Ces listes d'infiltrés venus du froid, c'était un colonel du KGB, nom de code Farewell, qui les faisait passer à l'ouest par un petit ingénieur de chez Thomson en poste à Moscou.
Et c'est cette histoire que nous raconte Christian Carion dans son Affaire Farewell.

Un film porté par Emir Kusturica (le colonel-traître), étonnant de présence physique, un peu "à la Depardieu", et Guillaume Canet (parfait en face de l'imposant Kusturica) en petit ingénieur falot et barbichu, embarqué malgré lui dans une aventure qui le dépasse.
Christian Carion plante rapidement et efficacement le décor historique, celui de l'Histoire avec un grand H. Mais c'est l'histoire de ces deux hommes (et des quelques belles femmes qui les entourent) qui l'intéresse.
On ne sait officiellement pas grand chose des motivations qui poussaient le colonel Farewell à trahir son pays (encore aujourd'hui les blessures restent ouvertes à Moscou : Christian Carion dit y avoir été fraîchement accueilli). Ce n'était ni la fuite à l'ouest ni l'argent (les comptes de la DST l'attestent !) et le film le présente comme un homme touché par la grâce et Léo Ferré lors d'un passage en poste à Paris, convaincu que le rêve socialiste se termine et décidé à précipiter l'inévitable transformation de l'empire soviétique. Pour le bien des générations futures et plus particulièrement de son fils qui ne rêve que des concerts de Queen.
Pour Christian Carion cet épisode de la guerre froide, qui figure en bonne place au best-of des histoires d'espionnage, est peut-être le premier coup de tocsin annonciateur de la chute du Mur (on en reparle bientôt : cette année nous en fêtons le vingtième anniversaire).
C'est filmé sans esbroufe, lentement et sûrement, sans courses-poursuites ni effets spéciaux : le réalisateur, on l'a dit, s'intéresse avant tout à ses deux personnages, à leurs familles, pris dans la tourmente de l'Histoire, cette Histoire que le colonel entendait bien accélérer.
Bye bye Farewell.


Au passage, on a été ravis de revoir quelques belles images de Moscou, comme celles de l'imposant gratte-ciel stalinien de l'université Lomonossov ou celles des citernes de Kvas dans les rues.


Quelques mots encore d'un poème d'Alfred de Vigny (la mort du loup), auquel dialogues et images du film font de nombreuses références et qui met en vers la traque d'un loup resté en arrière de sa meute pour affronter son destin et les chiens et les fusils des chasseurs, sauvant ainsi sa femelle et surtout ses petits :

[...] Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.
[...] Sans ses deux louveteaux, la belle et sombre veuve
Ne l'eut pas laissé seul subir la grande épreuve;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes,
Que l'homme a fait avec les animaux serviles ...


Pour celles et ceux qui aiment les histoires dans l'Histoire.
Benoit en parle sur Critikat, Pascale aussi bien sûr et le JDD.

Bouquin : L’homme qui exauce les vœux

Sherlock Poirot à Delhi.

On avait déjà parlé de l'Inde il y a peu avec un petit polar de Bombay Saveurs Assassines de l'indienne Kalpana Swaminathan (un peu déçus, avouons-le, par le second épisode : La chanson du jardinier).
Nous revoici en Inde, à Delhi cette fois, avec un autre petit polar sans plus de prétentions : L'homme qui exauce les voeux, de Tarquin Hall, un anglais qui vit avec une indienne.
C'est peut-être un tout petit peu moins authentiquement "indien" que les histoires de Swaminathan, mais on a préféré le roman de Tarquin Hall, sans doute justement parce que son bouquin nous est un peu plus facile et accessible.
Mais le pittoresque est toujours également au rendez-vous, l'histoire est également parsemée de mots hindis, et la vie agitée (du moins en apparence) des indiens y est également décrite avec autant de verve, de saveur(s) et d'humour.
Là où Swaminathan mettait en scène une enquêtrice façon Miss Marple qui naviguait parmi les personnages du show-biz de Mumbay, Hall nous décrit une sorte de Sherlock Poirot ou Hercule Holmes, version locale, tout aussi savoureux.
Un gros bonhomme aux bacchantes en guidon de vélo, qui ne quitte sa casquette que pour dormir (et à regret), cultive ses propres piments (n'en trouvant pas d'assez épicés), grignote en cachette de son épouse et de son médecin et qui, comment dire ?, se considère comme LE grand détective du sous-continent depuis le IV° siècle, rien de moins !
Vish Puri (L'homme qui exauce les vœux en VO) dit Chubby par ses intimes, nous est forcément sympathique, coincé entre son toubib, sa mère et sa femme Rumpi (Belle-croupe en VO !).

[...] Rumpi se serra contre lui et sentit la crosse froide du révolver contre sa hanche.
- Fais bien attention à toi, Chubby.
Puri se met à rire.
- Ne t'inquiète pas pour moi, ma chérie ! J'ai un sixième sens, quand il s'agit du danger.
- Oh, je ne pensais pas à ce danger-là ... mais plutôt au risque mortel que tu cours à te bourrer de pakoras et de saucisses au poulet !

L'intrigue est plutôt bien ficelée et l'on y découvre la corruption qui gangrène la police et la justice indienne, entre deux enquêtes pré-nuptiales qui sont le pain quotidien et pittoresque de l'agence de détectives Most Private Investigators de Vish Puri (tiens ... sagesse bouddhique ? les détectives indiens enquêtent avant, pour le mariage et non pas pour le divorce ... !).
Même si la littérature indienne a encore du mal à nous emballer, on se laisse aisément emporté le temps de cette petite excursion à Delhi jusqu'à ce que le pouvoir légendaire de déduction de Chubby finisse par démêler avec doigté les fils de toutes ces intrigues.


Pour celles et ceux qui aiment les voyages exotiques.
10/18 policier édite ces 316 pages en poche qui datent de 2008 en VO et qui sont traduites de l'anglais poar Anne-Marie Carrière.
La librairie des cinq continents en parle ainsi que Belle de nuit. D'autres avis sur Critiques Libres.

Miousik : Nouvelle vague (2)

Déferlantes.

On avait déjà eu l'occasion d'apprécier (et donc de faire écouter ici) les deux premières vagues de Marc Collin et Olivier Libaux.
Voici donc une Nouvelle vague, toujours aussi réussie, même s'il n'est pas évident de renouveler sans le trahir le concept initial : reprendre d'anciens tubes rocks ou punks et les ré-arranger façon bossa nova (nouvelle vague) avec les meilleures voix suaves du moment (Camille, Mélanie Pain et autres stars à la mode).
L'opus 3 innove donc un peu en associant à ces dames, les voix mâles des chanteurs des groupes d'origine !
Ainsi, Martin Gore (Depeche Mode) reprend Master and Servant  avec Mélanie Pain.
Plus loin, Ian McCullough (Echo and the Bunnymen) reprend All my colours  toujours avec Mélanie.
On a donc là quelques duos savoureux.
On reparlera d'ailleurs de Mélanie Pain très bientôt (elle vient de sortir un CD avec plein de bonnes choses sucrées dedans).
Pour le fun, voici un clip de l'original du morceau de Depeche Mode : la transcription bossa nova (aujourd'hui c'est bien sûr la version qu'on préfère !) est à la fois méconnaissable et très fidèle, c'est toute l'habileté des deux compères de Nouvelle Vague.
Comme à la mer, on attend la prochaine vague avec impatience !
Et on reparle de Mélanie très bientôt.


Pour celles et ceux qui aiment les rétrospectives.

Cinoche : District 9

Elles ont de belles gambas, les aliènes !

Attention, une mauvaise bande-annonce peut cacher un excellent film ! 

Certes, District 9est bien un film de SF, jugez-en plutôt : les militaires qui gèrent le camp de réfugiés se baladent en blindés fraîchement peints de blanc et siglés MNU ... mais il s'agit d'une milice privée. C'est pas de la science-fiction ça ? 
Onu soit qui mal y pense, nous revoici donc (1) aux prises avec ces sociétés militaires privées qui fleurissent dans nos poubelles.
Mais là n'est pas seulement le propos du sud-africain Neill Blomkamp qui situe l'action à Johannesburg : des indésirables parqués dans les townships de la banlieue de Jo'burg, c'est pas de la science-fiction ça ?
Et pour ceux qui n'ont pas encore compris ou qui se croient encore hors de portée loin dans le futur, Neill Blomkamp prend soin de filmer tout ça façon JT de 20h, façon documentaire de tous les jours, un peu dans la ligne de Battle for Haditha ou de Redacted.

Bref, de la politique-fiction certes, mais fortement ancrée dans notre présent, c'est le moins qu'on puisse dire !
Le scénario du film est plus qu'astucieux : habituellement les américains filment de gigantesques vaisseaux aliens qui s'arrêtent au-dessus de New-York (2) et leur civilisation ultra-puissante menace de détruire la planète. Heureusement Uncle Sam et ses GI Joe veillent au grain et réussissent généralement à sauver leur pays et une bonne partie du monde avec (en principe, nous, on est toujours dedans).
Blomkamp brise tous ces codes : les aliens sont au-dessus de Jo'burg en pleine Afrique et nous font le coup de la panne d'essence. Ils sont malades, affamés et fatigués, on les parque dans un camp de réfugiés !
L'autre astuce, c'est Sharlto Copley qui incarne l'anti-héros : fonctionnaire idiot, badge en sautoir, raie sur le côté, photo de son petit ange sur son bureau, gilet infâme et accent impayable, absolument ravi de nous faire visiter son camp de réfugiés face à la caméra du reporter, pendant que les militants des droits des non-humains manifestent à l'entrée du District 9.

Ah ! cette scène où, toujours devant les caméras, il jubile et plaisante sur l'irrésistible bruit de pop-corn que font les embryons d'aliens quand ils éclatent alors que derrière lui ses collègues armés de la MNU passent au lance-flammes les cabanes du bidonville ! La bêtise humaine à la puissance dix ! On ne peut ni mieux dire, ni mieux filmer !
Blomkamp ratisse large (apartheid avec les panonceaux "interdit aux non-humains", nazisme antisémite avec les camps de concentrations et les expériences dignes de Mengele, opérations militaires en Afrique ou au Moyen-Orient avec les cow-boys de la MNU, ...) pour faire une sorte de compile de tout ce qu'aura engendré notre sens aigu de l'hospitalité désormais réputé dans toute la galaxie.
D'ailleurs, après le film, on se surprend à prier pour que les aliens de tout bord comprennent bien qui on est (3) et qu'ils fassent un large détour pour ne jamais se poser sur notre terre : il est sûr que nos gouvernements seraient incapables de gérer la situation, ce serait la cata !
On est loin de quand on était petit et qu'on rêvait d'un aimable et intelligent rendez-vous avec les extra-terrestres façon Rencontre du 3° type (4).
District 9 s'emploie à démolir consciencieusement nos rêves (sur notre rencontre avec les extra-terrestres) et nos illusions (sur notre réalité bien humaine et bien terrestre).
On sort du ring sonné, KO, avec des phrases timides du genre : "Eh ben ..., ça décoiffe hein ?".
Y'a pourtant plein d'humour (l'anti-héros, le petit E.T. bricoleur,...), plein de réparties ironiques dans les dialogues, mais Blomkamp ne nous laisse pas le temps de savourer, pas une seconde de répit (faudra le revoir en DVD) : ça démarre très très vite et le montage serré, haletant, ne faiblit pas un instant. C'est violent et la tension est très forte à laquelle s'ajoutent quelques scènes un peu gores (sûr qu'il faudra quelques semaines avant qu'on remange des gambas ...).
Bon, on aurait pu écourter un peu la seconde partie du film avec ses courses-poursuites-fusillades, ça fait sans doute partie du cahier des charges destiné à remplir les salles obscures, mais il serait vraiment dommage de passer à côté de cet ovni filmique, façon grand-huit.
Même MAM, pourtant allergique non pas aux crevettes mais aux ambiances SF, a été emballée (stressée mais emballée), c'est dire !
Et ce n'est que le premier long métrage de Neill Blomkamp (certes Peter Jackson, le seigneur des anneaux, était aux manettes de la production mais quand même) !
Plaignons le prochain réalisateur à qui un studio commandera un film de SF ... comment faire après District 9 ?

(1) : déjà avec Jeux de pouvoir, c'était avant les vacances.
(2) : c'est ce que dit l'un des personnages du film d'ailleurs !
(3) : j'espère qu'avec la TNT les ondes filmiques continuent à se disperser dans le cosmos, sinon il va falloir bricoler quelque chose.
(4) : encore une allusion dans un dialogue où quelqu'un à l'arrivée du vaisseau s'attendait plutôt à voir de jolies lumières ! 


Profitons-en, même si c'est un peu facile, pour saluer au passage le sens de l'à-propos cinéphilique de notre ministre de la non-immigration Eric Besson qui, après avoir grandement contribué il y a quelques mois (et on l'en remercie, si, sincèrement) à la campagne de promotion du film de Philippe Lioret, Welcome, saisit l'occasion de la sortie de District 9 pour commanditer l'évacuation manu militari de la Jungle de Calais. On en reste quoi ?


Pour celles et ceux qui aiment les crevettes.
Quelques articles ici ou . Gator, Pascale, Mlle Bulle, E&O en parlent.

Cinoche : Rien de personnel

Bas les masques.

Espérons que le réalisateur Mathias Gokalp n'y verra Rien de personnel, mais il est bien difficile de résumer son film (son premier long métrage).
Ce pourrait être l'histoire d'une entreprise, un labo pharmaceutique, qui organise une soirée pour ses cadres et leurs conjoints.
Avec un jeu de rôle, un jeu de rôle qui n'est pas un jeu drôle, mais alors pas du tout.
Un exercice de coaching (tiens, c'est à la mode, à l'écran comme dans la vraie vie, enfin celle du business) destiné à sélectionner les cadres à faire monter dans la prochaine charrette ...
Oui, ce pourrait être une histoire un peu comme ça.
Mais ce n'est pas ça du tout.
Parce que c'est avant tout un film et qu'un film c'est avant tout un scénario (un montage) et des acteurs.
Côté acteurs on y retrouve, entre autres, Darroussin et Podalydès qui n'ont plus rien à prouver mais qui font encore la démonstration de leurs talents. Ah, Darroussin capable en quelques mots d'endosser un personnage ou un autre !
Mais c'est aussi côté scénario et montage que se trouvent les bonnes surprises.
La première partie du film nous raconte cette soirée et ce jeu féroce où l'on voit le petit chef d'usine de province se faire malmener par la jeune louve aux dents longues ... enfin c'est presque ça !
La seconde partie du film nous fait revivre la même soirée ... à quelques détails près, filmée d'un autre point de vue et retourne les deux personnages (le petit chef et la jeune louve) comme des gants. Attention, un cadre peut en cacher un autre ! Un cadre d'entreprise comme un cadre de caméraman.
Mathias Gokalp nous a roulés dans la farine.
Ce second épisode approfondit également d'autres personnages de la soirée ... alors il faut bien sûr une troisième partie à ce film !
Un dernier épisode où l'on revit (où l'on revoit) une troisième fois cette soirée, filmée sous d'autres angles encore, découvrant au passage ce qui nous avait échappé (ou ce qui nous avait été soigneusement masqué), de quoi retourner encore comme des crêpes quelques personnages ... et le spectateur.
Moralité : c'est bien l'habit qui fait le moine ...
Variante : les places de chacun sont interchangeables et ça ne change rien.
Scénario et montage extrêmement habiles. On serait ravis, on jubilerait presque si le propos caustique n'était pas si grinçant et si l'ironie mordante ne nous mettait pas si mal à l'aise.
Car Mathias Gokalp frappe sans relâche (et à trois reprises !) là où ça fait mal : on rit mais on rit jaune.
Très habile et très dérangeant. Sûr que demain on regardera ses collègues ... sous un autre angle !


Pour celles et ceux qui aiment les business models.
Pascale n'a pas aimé, Lo si,  ...

Cinoche : Le dernier pour la route

À la bonne votre !

Le producteur Philippe Godeau passe derrière la caméra et adapte au cinoche un bouquin autobiographique d’Hervé Chabalier, directeur de l'agence de presse Capa : Le dernier pour la route.
Une histoire d'alcoolisme, plus exactement l'histoire d'un homme qui réussit à sortir de son alcoolisme.
Le film est essentiellement centré sur la cure de désintoxication et l'aide que trouvera Hervé dans le "groupe" dont les membres, comme lui, essaient de sortir de cette spirale infernale. Avec plus ou moins de bonheur.
Pas très drôle comme sujet ?
Non, et pourtant le film est remarquable. François Cluzet y est pour quelque chose, c'est évident, comme tous les autres acteurs qui l'entourent.
Mais au-delà de ce remarquable jeu d'acteur(s), le film résonne étonnamment "juste" : pas une fausse note dans ce pourtant difficile numéro d'équilibriste.
Les pièges étaient nombreux et ils sont tous soigneusement évités par la scénariste Agnès de Sacy.
L'alcoolisme est encore un sujet tabou en France et ce livre et ce film ont le mérite de mettre le sujet en pleine lumière.
Sans complaisance (la "dérive" est à peine évoquée par quelques flash-backs), tout est fait pour amener le spectateur à suivre le cheminement d'Hervé, qui à son arrivée au centre commence par se demander, comme nous, dans quel genre de "secte" il est tombé.
L'accent est mis sur ces quelques semaines de cure et l'essentiel soutien que le "groupe" apporte à celui qui lutte contre ses démons, pied à pied, pour s'en sortir (pour sortir), jusqu'à sa réintégration dans la vraie vie, celle si difficile, du dehors.
Une belle leçon d'humanité (le combat autobiographique raconté par Hervé Chabalier) et de cinéma (l'adaptation qu'en ont tirée Philippe Godeau et Agnès de Sacy) pour faire connaître cette terrible maladie qu'est la toxico-dépendance.
Allez, encore un livre dans la PAL.


Pour celles et ceux qui aiment l'humaine vérité.
Un film accompagné par la Fondation Groupama-Gan pour le cinéma.
Rob a bien aimé.

BD : New Byzance

Théorie de la relativité.

Face à la surabondance de la production et à la mode des séries en tout genre et à rallonges, les éditeurs de BD rivalisent de coups éditoriaux et médiatiques pour attirer notre attention.
On avait eu droit il y a un an à plusieurs albums publiés chaque mois comme dans un feuilleton télé : c'était Delcourt avec Empire USA qui surfait déjà sur la mode du terrorisme mais où scénario et dessin pâtissaient de ce rythme imposé (on n'avait même pas évoqué cette décevante série ici).
Cette fois, c'est Glénat qui propose Uchronie(s) avec 3 séries de 3 albums chacune : 3 visions différentes mais parallèles de New York après les attentats du 11 septembre.
Un même scénariste (Corbeyran en grande forme, dont on avait déjà adoré les Stryges) et 3 dessinateurs pour retracer les 3 versions différentes de la "réalité".
Un dixième album viendra dénouer le tout. Pour le moment, 2 albums de chacune des 3 histoires sont parus.
Au petit bonheur on commence par l'une ou l'autre des facettes de cet unique scénario : New Byzance, New York puis New Harlem, mais peu importe puisqu'on part pour une lecture et relecture en boucle et que chaque histoire apporte un éclairage et un lot d'informations qui donnent une tout autre perspective aux deux autres, pour un peu ça n'en finirait pas !
Dans New Byzance ce sont évidemment les intégristes islamistes qui ont pris le contrôle : on fait ses courses, voilée, dans les souks de New York. Le propos est simpliste, les amalgames faciles et Corbeyran enfonce toutes les portes ouvertes.
Avec New Harlem, le black power est aux commandes et les blancs végètent dans le ghetto de Harlem ...
New York semble être l'épine dorsale du Grand Tout.
On retrouve les mêmes personnages dans les trois histoires parallèles qui se répondent et se font écho.
Malgré les propos politiquement un peu courts de New Harlem et New Byzance (c'est le moins qu'on puisse dire) c'est plutôt original et le scénario se montre complexe à souhait : on passe évidemment d'une réalité à l'autre, le temps et l'espace sont tout relatifs, les mêmes personnages vivent des situations proches mais légèrement différentes,  ... Philip K. Dick n'aurait rien trouvé à y redire !
Une planche de New Byzance ici.


Pour celles et ceux qui aiment les parallèles qui se croisent.
Wiki parle d'uchronie et d'Uchronie(s). Le site officiel.

Miousik : Pop de rentrée

Pop, pop, pop, c’est la rentrée.

La rentrée miousikale s'annonce riche en bonnes surprises et découvertes.
Depuis Lost in translation, on est tous tombés amoureux de Scarlett Johansson et voilà-t-y pas que la belle sort un album en duo avec Pete Yorn : ça s'appelle Break Up et c'est plein de belles chansons comme ce Blackie's dead  qu'on vous propose ici.
Retour en France avec les petits gars et les filles du lac d'Annecy : c'est Coming Soon et son nouvel album, Ghost train tragedy. Plutôt éclectique, difficile à résumer, on a choisi : Manners and education .
Un dernier voyage (un peu de suédois, de hollandais, de québécois, et même de français), celui d'un groupe avec un nom à coucher dehors : Starboard silent side qui sort un album avec un nom à coucher encore plus loin dehors : Because Our Friendship Was Meant to Sail, dont on a extrait une chanson avec un nom à ... revenir coucher dans sa tanière : In a den .
Et c'est pas fini, on reparle miousik bientôt avec Mélanie, Kokia et d'autres ...


Pour celles et ceux qui aiment la pop.

Bouquin : L’empreinte du renard

La magie du pays Dogon.

Après un voyage magique au pays Dogon en février (les photos sont ), je ne pouvais laisser passer une série polar d'un auteur malien, Moussa Konaté, qui met en scène le commissaire Habib de Bamako aux prises avec les mystères des différentes ethnies du pays : les pêcheurs bosos, les dogons, ...
Pour débuter la série, j'ai bien sûr choisi L'empreinte du renard qui nous emmène au pied de la fameuse falaise de Bandiagara, dans les villages du pays des Dogons.
Bien sûr mon avis est partial : je reviens de là-bas et j'ai retrouvé dans ce petit bouquin tout plein de traces, non pas de renards, mais de la magie de ce pays préservé. Les femmes qui remontent la falaise avec leurs emplettes (clic clac photo), les tissus bogolans (clic clac photo), les rares mosquées (clic clac photo) et les rares musulmans de cette région animiste et réfractaire à l'islamisation, les sépultures nichées dans la falaise (clic clac photo), les ruelles des villages et leurs greniers (clic clac photo), les champs d'oignons sur le plateau (clic clac photo), la danse du masque et le masque de la grande maison (clic clac photo), ... j'en passe (et des pages du bouquin et des photos de l'album).
Au point que je me suis demandé si ce bouquin serait autant apprécié par ceusses qui n'ont pas encore eu la chance de voyager là-bas (mais la réponse est oui : MAM a, elle aussi, beaucoup aimé).
L'écriture est fraîche et naturelle, pour nos esprits européens nourris de fioritures sophistiquées, et cette simplicité laisse toute sa place à l'histoire contée, comme dans une légende dogon.
La subtilité vient de la mise en scène du commissaire Habib, venu de la capitale Bamako qui débarque pour enquêter au village dogon comme sur la lune. Il est étrange de réaliser ainsi qu'il y a pratiquement autant de différence culturelle entre Paris et Bamako ... qu'entre Bamako et Bandiagara ...

[...] - Dis-moi, demanda le commissaire au chauffeur, tu les connais les Dogons ?
- Personne ne peut jurer qu'il connait les Dogons, répondit Samaké avec une gravité inhabituelle. Il y en a à Mopti et un peu partout dans la région, mais c'est surtout à Bandiagara et dans les villages voisins qu'ils vivent. Moi, je me méfie d'eux.
- Tiens ! Et pourquoi ? s'étonna le policier.
- Parce que ce sont des gens qui ont des pouvoirs de sorcier. Tu as vu leur façon de vivre dans les villages ? On se croirait au temps de nos ancêtres.
- Ils ne semblent pas malheureux, c'est l'essentiel.
Rien ne prouve qu'ils voudraient vivre comme toi.
- Je sais, mais je veux dire que ce sont des gens d'un autre temps. Je les crains parce que je ne les comprends pas. Et avec tout ce qui se dit sur eux, il y a de quoi.
- Et qu'est-ce qu'on dit d'eux ? insista Habib.
- On dirait que tu mènes une enquête comme si tu étais policier, lança le chauffeur en regardant le commissaire.

Ce qui explique sans doute en partie la "magie" d'une visite au pays dogon : ce n'est pas seulement l'Afrique qu'on y découvre, mais quelque chose comme l'Afrique de l'Afrique ...
Le bouquin est simple, l'intrigue aussi : on se doute bien que les assassinats magiques ou rituels cachent un règlement de comptes entre quelques gardiens de la tradition ancestrale et d'autres qui ont cru pouvoir toucher de l'argent pas très propre au mépris des us et coutumes dogons.
Cette simplicité apparente cache quand même quelques pages absolument superbes quand le commissaire de la capitale interroge les vieux du coin (le Devin puis le Grand Hogon du village) : de véritables joutes oratoires toutes en subtilités, en non-dits et sous-entendus, véritables parties de cache-cache où il s'agit de parler sans dire, de reconnaître sans avouer, ...
Précipitez-vous au pays Dogon, un des plus beaux voyages qui puissent être, puis sur les bouquins de Moussa Konaté pour prolonger la visite.
On essaie de voyager plutôt souvent et plutôt partout : mais on est bien forcés de constater qu'une fois attrapés, l'Afrique noire ne nous lâche plus. On pense retourner au pays Dogon l'an prochain, à la saison des pluies cette fois, histoire de surprendre le Mali verdoyer.
D'autres enquêtes du commissaire Habib nous feront patienter d'ici là.


Pour celles et ceux qui aiment l'Afrique.
Points policier édite ces 265 pages en poche qui datent de 2006.
Sylvie, Sophie, Katell, Valdebaz et le Bibliomane en parlent. D'autres avis sur Critiques Libres.
Pour voyager pour de vrai : 1, 2, 3.

Bouquin : Fakirs

Un petit crochet côté polar.

Les éditions Viviane Hamy pourraient bien nous refaire le coup de Fred Vargas ... avec Antonin Varenne et son roman Fakirs.
Avec comme nouveau héros, un flic tout à fait parisien et tout à fait impossible comme son collègue Adamsberg : Guérin , un flic de la PJ (celle du Quai des Orfèvres), relégué dans un placard (au sens propre comme au figuré) après une sombre histoire avec des collègues (des ripoux ?), désormais chargé des enquêtes sur les suicides (c'est gai !), l'esprit tourmenté à la recherche de connexions secrètes pour expliquer notre monde inexplicable, attifé d'un imper jaune (à côté duquel celui de Columbo aurait l'allure d'un smoking), toujours à se gratter le cuir chevelu jusqu'au sang quand il réfléchit, ...
Il est affublé au bureau d'un adjoint pas très futé qui vient bosser en survêtement de foot (c'est pour dire !) et, à la maison, d'un perroquet qui l'accueille avec des "tu rentrrres taaard !" en imitant la voix de sa regrettée maman (elle exerçait le plus vieux métier du monde).
Antonin Varenne excelle à rendre vivants ses personnages improbables, insolites : le duo de flics, des collègues nécrophiles, le gardien de nuit du Luxembourg et son chien Mesrine, un baba-cool qui se promène place de la Concorde avec un arc, une artiste peintre allemande qui se jette nue et recouverte de peinture contre les murs, la patronne homo d'un club sado-maso du quartier latin, quelques paysans du Lot, de gays américains à Paris, ...
Son écriture est propre et nette, avec du mordant et de l'incisif mais sans les agaçantes fioritures dont la sphère littéraire française est coutumière.
Dans cette ambiance un peu déjantée on imagine bien que l'intrigue policière gentiment emberlificotée se promène et nous égare, va et revient, nous balade de ci et de là, à l'insu de notre bon gré !
Comme le suggèrent titre et couverture, on a donc affaire à un américain sado-maso qui s'écorche et se perce sur scène, jusqu'à ce qui ressemble fort à un suicide en direct-live. Et qui dit suicide, dit Guérin qui sort de son placard de la PJ.
L'ami américain baba-cool sort de sa retraite du Lot et l'ambassade de sa réserve ...
Avouons que ce côté américain du bouquin semble bien décalé et qu'on serait bien resté cloîtré dans le grenier du Quai des Orfèvres avec Guérin et son collègue ahuri, à cogiter des "adamsbergueries" (cf. ici) sans queue ni tête sur les saisons et les horaires des suicides à Paris.

[...] C'était l'heure où la ville s'accorde un répit, une petite demi-heure pendant laquelle rien ne bouge. Quatre heures du matin. Guérin savoura le calme, ce moment suspendu où même la mort faisait une pause. Les suicides, à cette heure de la nuit, étaient exceptionnels. Les suicidés de quatre heures du matin étaient pour la plupart des individus sans antécédents, sans histoires, frappés par une révélation violente qu'ils n'avaient pas anticipée, et ne souffrant aucun délai.

Un bouquin à deux facettes, comme si Varenne avait hésité entre un clone de Fred Vargas et un thriller branché actualité.
Reste le plaisir de la découverte : un nouvel auteur (c'est quand même son 2° ou 3° bouquin), un style et une écriture solides, un personnage, ... assurément un filon à suivre !


Pour celles et ceux qui aiment l'acupuncture.
Viviane Hamy édite ces 284 pages qui datent de 2009.
Moisson Noire en parle, comme Black Novel et Serial Lecteur

Cinoche : Vivez libre

Mal de vivre.

Nos avis sont très partagés sur ce Non, ma fille tu n'iras pas danser du breton Christophe Honoré.
Pouce baisséMAM s'est plutôt ennuyée, n'allant pas au ciné pour y retrouver les mêmes tourments que dans la vraie vie, en tout cas sans plus de perspectives. L'éloge de l'inconstance selon le breton.
Pouce levéBMR a, lui, plus apprécié, considérant que Honoré réalisait là un film plutôt honorable.
Avec d'abord quelques actrices qu'on aimerait voir plus souvent : Marie-Christine Barrault, la mère, avec ses yeux inoubliables, Marina Foïs, la sœur, avec sa voix et sa diction impayables, et bien sûr Chiara Mastroianni, avec ses longues jambes, une actrice que ses parents ne peuvent décidément pas renier.
Et de parents, il est justement question ici puisque nous voici dans une famille (et dans une maison de famille) comme tant d'autres, où chacun étouffe, où chacun s'étouffe.
Chiara n'arrive pas à trouver sa place dans la vie, rejette l'omnipotence de sa mère mais vient en vacances chez elle, passe d'ex en amant sous le mode je pars mais tu reviens, étouffe à son tour ses propres enfants qui ne lui laissent guère de répit, ... le mal de vivre incarné !
Le jeu de trois (belles) femmes (la mère et les deux sœurs) dont aucune ne semble tirer son épingle.
Chacun fait des plans pour remettre Chiara dans le droit chemin (il est d'ailleurs longuement question de la chanson Making plans for Nigel (XTC 1979) que l'on avait retrouvée avec la voix de Camille, on en parlait ici-même - on reparlera bientôt de Nouvelle Vague).
Le film oscille entre la maison de Bretagne et la vie parisienne et il est ponctué de deux belles légendes bretonnes dont l'une est mise en images à mi-parcours de manière curieuse (incongrue, dira MAM), façon office du tourisme et folklore local.
Cette histoire est celle de Katell Gollet (Catherine la Perdue) qui, préférant la danse et la fête aux rigueurs du mariage, promet à son père ou tuteur qu'elle épousera bien un garçon, certes, mais uniquement celui qui sera capable de la faire danser douze heures durant. La fête est organisée et Katell épuise les garçons du village, un à un, qui tombent littéralement morts de fatigue. Jusqu'à ce qu'un inconnu se présente, chaussé et botté de rouge, qui la fait danser tant et si bien que c'est elle qui se perd en enfer.
L'autre légende racontée dans le film (par la mère à ses petits-enfants) est celle d'une mère qui vend son enfant au diable en échange de richesses et plaisirs terrestres : elle aussi y perd tout, et son enfant et son âme.
Chiara Mastronianni est ainsi dans le film : incapable de choisir un homme, incapable d'assumer ses enfants, incapable de renoncer à sa liberté de choix, une liberté qui disparait évidemment lorsque le choix est fait ...
Le second titre du film est Vivez libre ... Le message d'Honoré est clair et inscrit en grosses lettres sur l'affiche !


Pour celles et ceux qui aiment la liberté de l'inconstance.
Benjamin en parle sur Playlist. Cuny également.

Cinoche : Numéro 9

Terminator en marionnettes.

C'est à l'occasion de la sortie de Là-haut que l'on vous avait parlé de la bande annonce de Numéro 9 qui semblait très prometteuse.
Depuis les critiques (sévères) avaient un peu refroidi nos enthousiasmes mais BMR n'a pas voulu laisser passer ce dessin animé sans lui laisser sa chance.
Prévenu, on ne fut pas vraiment déçu !
Le film tient les promesses graphiques de la bande annonce : l'univers décrit est très original, façon steampunk, avec des tonalités sombres et une grande unité d'ambiance.
Et bien sûr, les petites bestioles de toile, d'électricité, de bois et de métal (subtile alliance de matières) sont vraiment de belles trouvailles.
Après la fin du monde façon Terminator (la révolte des machines et tout et tout, air connu), ces petites bestioles semblent les seuls survivants et défendent leur "peau" à couteaux tirés avec une grosse machine ...
Malheureusement, l'histoire est un peu courte et les dialogues sont franchement d'une pauvreté effarante.
C'est bien dommage car on sent qu'on est passé pas loin de quelque chose ... l'idée graphique d'un univers original et homogène mais qui n'a pas su être mis en valeur par un scénario digne de ce nom.
Ce dessin animé de Shane Acker est, parait-il, tiré d'un court-métrage de 1995 : même avec le parrainage de Tim Burton, il s'avère qu'il n'y avait finalement pas de quoi faire plus long ...
Reste quelques belles images à découvrir comme ici (on vous conseille celle-ci avec les jumeaux dans la bibliothèque).


Pour celles et ceux qui aiment les belles images.

BD : L’encre du passé

Estampes japonaises.

On avait découvert le dessinateur Maël avec Les rêves de Milton dont on avait parlé ici-même fin 2008.
Voici de nouveau cet artiste peintre dans une japonaiserie écrite par Antoine Bauza : L'encre du passé.
Dans les Rêves de Milton, les aquarelles de Maël formaient une alliance subtile avec les éléments liquides qui imprégnaient le scénario : pluies et larmes, boues et débâcle des États-Unis après la crise de 29.
Avec les estampes japonaises de l'Encre du passé, l'alchimie est encore plus évidente mais tout aussi réussie. Les paysages humides des montagnes et les transparences des paravents trouvent ici sous le pinceau de Maël, une profondeur inégalée.
Côté scénario, bravo à Bauza pour avoir su construire sur un seul album (chose rare aujourd'hui avec la mode des séries à rallonges) une histoire profonde et intimiste : un maître es calligraphies, au passé tourmenté, s'entiche d'une petite sauvageonne chez qui il a su détecter la maîtrise du pinceau. La fillette l'accompagne jusqu'à la capitale, Edo l'ancienne Tokyo, où il la remettra entre les mains d'un maître es peintures.
Quinze ans plus tard, la jeune femme se retrouve en mal d'inspiration et son vieux maître es peintures se meurt : elle repart à la recherche du calligraphe de ses débuts.
Tout cela est mené au rythme lent de la marche dans les montagnes, au rythme lent de l'apprentissage du difficile art d'écrire ou de peindre, un éternel recommencement.Maël, le dessinateur
Dans cette zénitude s'accomplissent scénario de Bauza et dessin de Maël au point que certaines planches se passent même de tout texte ou dialogue : les caractères fouillés des personnages et les expressions travaillées de leurs visages se répondent.
Un des plus beaux albums de l'année.
Le dossier de Dupuis comporte une dizaine de pages de l'album.


Pour celles et ceux qui aiment les beaux arts.
ActuaBD et Krinein en parlent.