Bouquin : L’épopée de la croisière jaune

Tintin en auto au Tibet.

Non rassurez-vous : les vacances cette année, c'est pas 'croisière' et c'est promis, on n'ira pas le voir (le film) et on n'en fera donc pas de billet ici. Ouf.
Non, ce bouquin, BMR l'a pioché un peu par hasard à la boutique du musée Branly (lors de l'expo sur les robes orientales de Lacroix, rien à voir(1)).
Cette Croisière Jaune aura bercé notre imaginaire durant de jeunes années ...
Tout comme celles de l'auteur : Jacques Wolgensinger, devenu ensuite chargé de comm' chez Citroën.
Forcément il a écrit le bouquin. À la gloire de son employeur. Mais bon, il a su garder un peu de réserve et ne pas sombrer dans le dithyrambe.
Reste donc l'épopée, l'histoire. L'Histoire de ces quelques hommes et de ces drôles d'autos à chenilles partis vers 1931 sur la Route de la Soie à la conquête de l'Asie.
Un premier groupe (le groupe Pamir) part de Beyrouth à l'assaut de l'Iran, de l'Afghanistan puis des Himalayas.
L'autre équipage (le groupe Chine) part de Pékin dans l'autre sens. Enfin, tente de partir de Pékin : c'est pas gagné et la Chine est en bisbille avec ... ses minorités ethniques. Et oui, les Ouïgours étaient déjà sur la brèche, c'était il y a plus de 80 ans !
Le groupe Pamir connaîtra les pires difficultés techniques dans les montagnes orientales, parfois obligé de démonter les voitures pièce à pièce pour les remonter de l'autre côté.

[...] C'est le premier pont. Il en reste quarante-quatre autres avant le col de Kilik.

Le groupe Chine connaîtra les pires difficultés politiques dans les déserts chinois au point de rester plusieurs mois prisonnier de tel ou tel seigneur de guerre local !

[...] Le groupe Chine tombe en pleine bataille : un convoi de troupes régulières chinoises est attaqué par les rebelles chantous. Les soldats sont en mauvaise posture; pratiquement cernés, ils n'ont aucune défense contre le tir des montagnards musulmans. [...] Mais voyant surgir les autochenilles, ils croient à des renforts chinois et battent en retraite. [...] Dans cette panique, les Français gardent leur sang-froid. Déjà Specht a bondi sur le toit de sa voiture, en quelques secondes il a mis sa caméra en batterie sur son trépied et il filme, filme éperdument.

Il y a tout juste ce qu'il faut d'enthousiasme naïf dans ce bouquin. Juste le style qui convient à cette folle équipée. Ça se lit très facilement et rapidement, sans trop de détails techniques (ouais, la mécanique c'est pas not' truc, alors). Non, pile poil le ton qui convient à cette aventure. Il y avait eu d'autres raids auparavant (la Croisière Noire en Afrique notamment) mais c'était "avant". Celle-ci est tombée juste au moment où il fallait, entre deux guerres, à l'aube de temps nouveaux. Papa Citroën avait peaufiné ses techniques de comm' pour en tirer un maximum de retombées.
Surtout que si l'on veut bien s'arrêter un instant sur les faits réels, force est de constater qu'aucune des voitures engagées n'aura traversé l'Asie ! Pour de multiples, bonnes et excellentes raisons, la jonction entre les groupes Pamir et Chine a eu lieu ... à cheval ! Voilà de quoi méditer sur la façon dont l'Histoire s'écrit ! Ça alors ! BMR en est resté sur le flanc, lui qui aurait juré avoir pratiquement vu les autos traverser l'Himalaya quand il était petit !
Bon, ça c'était pour le volet intello : on lit, mais voyez, on réfléchit quand même.
Et puis cela n'enlève rien à la gloire de cette équipée, à la folie de ces hommes, à la grandeur de leur(s) exploit(s).
À l'obstination franchement arrogante de leur leader, Georges-Marie Haardt. À l'entêtement très discipliné de cet équipage. À l'obéissance quasi militaire de ces hommes. Gentiment racistes, façon Tintin et Hergé, c'était l'époque. Chapeau mou et cravate pour traverser désert de Gobi ou haute-vallée de l'Hindus.

[...] Le soleil brûle, comme brûle sa réverbération sur la neige. Elle ne disparaît jamais à cette altitude. À Kochbel, on change les chevaux contre des yaks et les porteurs hounza contre des khirghizes. Les négociations sont quelque peu ralenties par les traductions : Pecqueur parle en anglais, un boy indien traduit en hounza, un porteur hounza traduit en khirghize ... et on repart dans l'autre sens !

Une époque où, même après des mois d'efforts et de promiscuité, on s'appelait toujours par son nom (et non le prénom), une époque où la dame qui cause dans le GPS n'avait pas encore remplacé le sextant.
Et oui, il fallait bien tout cela pour réaliser cet exploit, façon : tout le monde disait que c'était impossible, une équipe d'imbéciles qui ne voulait pas l'entendre a pris le volant et y est arrivée.

[...] - Là où il y a une volonté, il y a un chemin, répond Haardt.

Mine de rien, le bouquin arrive à fort bien rendre tout cela. La gloire de l'épopée tout comme son irréalisme idéaliste.
À notre époque où le Paris-Dakar n'a plus rien de Dakar et où le pari ne fait plus rêver personne, où l'homme ne va plus sur la Lune parce que son porte-monnaie est vide, à notre époque on aime bien rêver à une autre époque, celle où l'on n'avait pas encore tout vu tout fait tout visité. Et puis tiens, puisque les autos Citroën n'ont finalement pas vraiment franchi les ultimes montagnes c'est qu'il reste donc encore aujourd'hui quelques sommets invaincus ! Hardi !
L'épilogue est également une étrange leçon : G-M. Haardt meurt d'une pneumonie à peine arrivé en Chine. Bientôt Citroën sera terrassé par un cancer et les répercussions de la crise de 29. Sic transit ...
Allez, lisez cette belle aventure, regardez les images qui en ont été filmées et bien sûr allez caresser du regard l'auto n° 5 qui vient tout juste, heureux hasard de l'actualité, de s'exposer sur les Champs.

(1) : rien à voir, rien à voir, c'est vite dit : les autos Citroën sont quand même parties de Beyrouth ...


Pour celles et ceux qui aiment les autos et les hommes dedans ...

Miousik : Lola Lafon

Agit-propre.

Encore une nouveauté 2011 : oui, vous êtes bien sur le blog le plus branché question miousik cette année !
Et quelle drôle de bonne femme (singulière, pour reprendre une de ses chansons) que cette Lola Lafon qui a (mal) grandi en Bulgarie ou en Roumanie sous Ceaucescu avant de venir s'échouer dans le milieu anarcho-alter-mondialiste-autonomiste-féministe parisien ...
Elle se fit connaître par quelques livres (pas lus ici).
Et puis vint un rock revendicatif aux paroles étrangement poétiques, tendance Barbara (si, si).
Une douce voix rageuse aux accents et senteurs de l'est.
Tout cela est plein de contrastes, parfois trop intello-recherchés mais il y a vraiment quelques pépites.
On adore http://carnot69.free.fr/images/coeur.gif la douce poésie de Voyager légère (1) où la seconde voix en arrière-plan est vraiment too much :

[...] Moi je préfère voyager légère, l'épitaphe pourrait me plaire ...
cheminer en zigzaguant, sûre de rien pour le moment,
[...] puis aimer à la renverse, et s'endormir en sandales (très hautes)

On aimerait aussi croire de tout cœur aux belles paroles des Prochaines minutes (2) :

[...] Je crois à l'huile jetée sur le feu ...
Au temps gagné à le perdre à deux ...
Aux visages des nuages que tu traduis pour moi ...
Aux prochaines minutes, puisqu'on les a ...

Enfin, on aime bien beaucoup aussi le swingue tsigane de Mon âme  (du premier album de Lola Lafon et son groupe : Leva) :

[...] Au minimum, qu'on se moque pas de mon âme ...

Au-delà de la bobobranchitude qu'il pourrait y avoir à se donner bonne conscience en écoutant cette demoiselle plus ou moins marginale (ouf, c'est dit), sachez que quelques unes de ses chansons valent vraiment une écoute attentive.
Dommage que Deezer ne présente pas le dernier album. Un mauvais point.

(1) : ce pourrait bien être notre devise, pour l'épitaphe on veut bien attendre encore un peu
(2) : notre second mot d'ordre ?


Pour celles et ceux qui aiment le vent d'est.
Rue89 en parle, évidemment.

Miousik : Brigitte

Brigitte ou les malheurs de la vertu.

Encore une campagne de promo bien orchestrée (oui, c'est le mot) : impossible d'échapper à Brigitte. Surtout qu'il y en a deux.
Attention sur gougoule : ni Brigitte Fontaine(1), ni Brigitte Lahaie(2), non, Brigitte, un seul prénom pour deux filles dont le moins qu'on puisse dire c'est qu'elles n'ont pas froid aux yeux.
L'une porte d'ailleurs des lunettes et l'autre est souvent enceinte jusqu'aux yeux.
Deux filles (même pas vraiment des Brigittes : Sylvie et Aurélie) qui défraient les chroniques musicales d'avril.
Faut dire que les textes de leurs chansons ont un charme fou fou fou ... des textes qui en font les dignes héritières des allusions allusives de Gainsbarre.
Voici Ma Benz (oui, comme Ma Merco Benz ou comme l'africaine Mama Benz) :
[...] Girl t'es jolie dans ton Versace Viens t'amuser avec un DJ top celebrity Wine, bouge ! carré sur le groove J'aime les girl's surtout quand les girl's move Move up, move up, rough comme une louve Bouge ton corps de la tête aux pieds Et là j't'approuve, Move up, move up Girl' wine ton body Montre-leur que t'as pas peur D'exciter tous les bandits
Au-delà de la réputation sulfureuse des demoiselles, on retiendra surtout une chanson plutôt bien menée : Battez-vous, tout un programme ..
[...] Sortez les dollars et les bijoux
Mettez-vous à genoux
Dans la Jaguar, dans la gadoue
Mettez-vous à genoux
Toi mon tout, mon loubard
Tu serais mon lascar superstar
J’ai tellement besoin d’amour
De tes bras, de ta voix de velours
J’ai tellement besoin d’amour
Tu ferais de moi ta belle de jour
Une sorte de version sado-maso d'un autre duo féminin qu'on aimait bien aussi Dobacaracol.
Les mauvaises langues diront que de la gueule. Oui mais quelle(s) geule(s) !
Après "L" et Buridane, les chansons à texte (bon ici : à sexte) continuent d'envahir nos oreilles.
Tendance ? oui. Superficiel ? bah, l'avenir nous le chantera ... laissons une chance aux Brigitte.
(1) : allons BMR, n'aie pas peur, y'a longtemps qu'elle est à la retraite !
(2) : allons BMR, t'excite pas, y'a longtemps qu'elle devrait y être, à la retraite !

Cinoche : Rango

Rango et con à la fois …

Ah parfois les déceptions sont à la hauteur des trop grandes attentes ...
C'est un peu ce qui dessert (oui BMR(1) : ce qui désert ...)  Rango, le dessin animé pour adultes trop attendu. Et en 2D en plus !
Tous les ingrédients étaient pourtant réunis : le renouveau actuel du western, une musique d'enfer, une bande annonce tip top, un dessin animé déjanté et prometteur, sérieux s'abstenir, ...
ahh .... Rrraaâângooooohhh !
Malheureusement Gore Verbinski (le réalisateur) est resté beaucoup beaucoup trop sage.
Trop trop sérieux. Propos écolos, discours existentiels sur la vacuité des acteurs, nostalgie farouestienne, ... oui tout cela est juste, certes, ok, oui, certes, rrhouuii ! mais c'était pas pour ça qu'on était venu !!!
On était venu pour les clins d'œil au cinéma. Et y'en a plein ! Star wars, Apocalypse Now(2), Chinatown, sans compter tous les westerns ...
On était viendu pour les chevauchées fantastiques dans les sables du désert Mojave. Et y'en a plein ! C'est même les meilleurs moments du film ! Rawhide. Right now ! We ride ! Really !
On était venu pour la musique comme on n'en fait plus. Trompettes et slides guitars. Et y'en a plein ! Tout plein ! Merci Hans Zimmer.
Un conseil : achetez vous plutôt la BOF que la place de ciné ! D'ailleurs les meilleurs personnages sont les quatre chouettes qui chantent, façon Los Lobos, la saga de Rango, le sombre héros(re-1), et sa fin prochaine, annoncée pour bientôt, oui ça va pas tarder, comment ça ? ce caméléon échappé de son vivarium n'est pas encore tombé sous les balles de la dure loi de l'Ouest ?  ...
Allez, économisez même le CD et écoutez donc Los Lobos, on est trop sympa ici, amigos !

[...] Now Rango, he's gone but his legend still lives on
In the brothels and saloons of Durango
He lived as he died
A six gun at his side
And all the ladies cried for Rango ...
Raaaaââângooo !

Réservé aux aficionados !
Allez, on s'en fait encore une petite : Walk don't Rango, digne des meilleurs skas !
Bref, un film à écouter. C'est assez rare.

(1) : ah ce BMR, c'est plus fort que lui ! mais aussi : quel talent !
(2) : bon ça d'accord, c'est même plus un clin d'œil, c'est un poncif, mais bon c'est obligé hein ?


Pour celles et ceux qui aiment Sergio Leone.

Cinoche : La proie

Je cours, tu cours, il court, …

La bande-annonce évoquait impitoyablement une série policière télé.
Le film n'échappe malheureusement pas à la comparaison : à force de nous bassiner à longueur d'années et de soirées avec les histoires de gendarmes et de fliquettes, la télé a définitivement tué tout l'imaginaire franco-policier.
Les scénaristes vont devoir imaginer désormais des enquêtes menées par des boulangers ou des dentistes. Un flic ou un gendarme à l'écran et hop, voilà l'ombre de Navarro qui envahit le cadre.
Le scénario de La proie ne brille pas vraiment non plus par son originalité : un braqueur (mais c'était par amour, hein) se retrouve en prison, cohabite en cellule avec un innocent et un tueur en série ... qui sort avant lui. Le prisonnier Dupontel doit donc s'échapper pour courir après le très méchant qui va lui piquer son magot, sa femme et bientôt sa fillette (à peu près dans cet ordre : mais avec l'expressivité légendaire du grimaçant Dupontel on n'arrive pas vraiment à savoir ce qui le met le plus en colère).
Et c'est parti pour une course poursuite d'une heure et demie : Dupontel court après le méchant, après qui un ancien flic court depuis des années, après qui le père d'une victime court depuis longtemps également, mais la police court après Dupontel puisque le méchant lui met ses meurtres en série sur le dos et ...
Dupontel, c'est un peu notre Schwarzie national : même mâchoire carrée-serrée, aussi expressif et bavard que le californien et avec deux ou trois balles dans le buffet il court encore, même si ça saigne, beaucoup, et que ça fait mal, un peu(1). Idéal donc pour ce film.
Mais un film qui s'avère finalement plutôt bien mené et dont la réalisation arrive à sortir quelque chose de ces ingrédients surgelés.
Un film plutôt violent qui commence d'ailleurs très fort avec quelques scènes de prison : une prison modèle, pimpante et proprette, avec pots de crayons de couleurs pour les enfants au parloir, ... sans doute un décor de cinéma entièrement reconstitué. Une prison modèle donc, où la violence infinie règne comme sans aucun doute dans les vraies prisons.
Mais la violence du film est plutôt celle de la violence des chocs.
Les chocs des corps qui tombent (sur un camion, un train, ...), les chocs des coups de boule, les chocs des tirs et des balles longtemps attendu(e)s, les chocs des voitures qui percutent (une autre voiture, un barrage, ...). C'est tendu. Efficace.
Un divertissement de samedi soir. Ce n'était d'ailleurs que l'ambition modeste de ce film. Objectif atteint.
(1) : avec Dupontel,, on sait jamais si la grimace veut dire : j'ai très très mal, je suis vraiment très en rogne, ou même des trucs super compliqués comme : je suis trop triste d'avoir perdu les miens et mon magot, ... Bon, j'arrête. Nos lecteurs les plus fidèles auront compris qu'après Dujardin, Dupontel est la seconde bête noire de BMR au cinéma. Sans doute, le nom : les Du-quelque chose lui faisaient peur à l'ORTF quand il était petit ?

Pour celles et ceux qui aiment jouer au gendarme et au voleur.
Critikat , pour une fois, est plein d'indulgence.
Froggy est plus sévère, sauf pour Dupontel, un comble !

Miousik : L

Jeux de mots (bis).

Un (petit) peu dans la même veine que Buridane dont on parlait récemment, voici L.
Elle, c'est Raphaële Lannadère.
Décidément la jeune chanson française se renouvèle et c'est tant mieux et avec des textes, et c'est tant mieux aussi (après tout, dans l'abondance anglo-saxonne qui nous a envahis, si on écoute encore des chansons en français c'est bien d'abord pour leurs textes).
Chez "L", très inspirée par les ainés de la grande chanson française (un parfum de Ferré, ...), on n'aime pas tout, loin s'en faut et on regrette parfois une orchestration un peu envahissante.
Mais quelques chansons valent vraiment la peine d'enfiler le casque, comme Jalouse, Je fume et surtout l'impeccable : Mes lèvres.

[...] Mais, tes mains, tu me les tendais,
Tes mains trop grandes et tes doigts d’or,
Je les ai laissés me serrer,
Ils sont à la taille de mon corps.
Mes lèvres sont mortes à minuit
Quand dans ta nuit, tu m’as couchée,
C’est à ma bouche, que tu pressais,
Ta tête lourde et ta douleur,
J’étais ton ange, ta douceur,
Veilleuse de nuit, j’ai posé
Mes doigts sur tes yeux enfoncés,
Car je les sentais exploser,
Tes yeux, au creux de ta pensée
Mes lèvres sont mortes à minuit
Ton ange, dans ce tourbillon,
Rêvait, quand ses lèvres ont pris feu,
Elles brûlaient pour le réveillon
Dans une brèche de tes yeux
Mes lèvres sont mortes à minuit,
Au premier son du carillon,
Dont les douze coups m’ont réduite
En une pluie de cotillons,
Mes lèvres sont mortes à minuit

Campagne de promo bien orchestrée ? 'L' fait la une de Télérama cette semaine après nous avoir accrochés sur un site marchand ... À écouter malgré tout, même si notre préférence va à Buridane écoutée il y a quelques jours.


Pour celles et ceux qui aiment les chansons à texte.

Miousik : Buridane

Jeux de mots.

Encore un nom improbable : Buridane.
Mais, même si elle n'a pas pu choisir entre les mots et la musique, la blondinette lyonnaise est loin d'être aussi bête que l'âne de la fable.
De la musique qui s'écoute ou des mots qui se chantent ?
Une sorte de rap folkeux ou de folk rapeux ?
À vos oreilles de se faire une idée du talent de la jeune dame au travers de quelques ritournelles aux refrains lancinants.

Berlin :

[...] la garde je ne la baisse pas, je tiens le monde entier dans mes bras,
j'ai l'air d'un chien de chasse en fusil, je fais rien que ce que j'ai appris,
et si je peux encore m'en prendre et bien des fois je me demande, pourquoi on se jette aux oubliettes, qu'on se trimbale plutôt que d'être [...]

Comme avant :

[...] on marcherait pieds nus pour mieux sentir la terre,
ce qui nous relie moi qui suis trop légère,
et les saules qui pleurent sur le rebord du quai à nous voir si proches et si éloignés [...]

En général :

[...] et je n'sais plus si je compte sur mes doigts
le nombre de gens que j'aime, ou celui de ceux qui m'aiment
comme je me maudis dans ce cas là [...]


Pour celles et ceux qui aiment les chansons à texte.

Cinoche : The company men

Un monde impitoyable.

Un petit billet rapide pour vous signaler un film qui vaut mieux que sa bande-annonce et qui passe presque inaperçu : The company men de John Wells.
Le bonhomme a eu l'idée de son scénario ... il y a vingt ans, en plein boom économique : aucun succès !
Vingt ans plus tard, merci la crise, son histoire tombe à pic !
Comme ces hommes de la compagnie qui vont se faire lourder, les uns après les autres.
Dès le début le ton est donné : tous les clichés et signes extérieurs de richesse sont affichés. Belle maison, grosse bagnole, jouets coûteux, costard-cravate, nos trois compères se préparent pour une nouvelle journée de taf. Sauf que, aujourd'hui, le plus jeune, le moins haut placé, le moins trop-riche va se faire lourder.
Quelques jours plus tard, un peu plus haut dans les étages, un peu plus trop-riche, c'est le tour du second.
Plus tard, enfin, tout en haut des étages ou presque, le troisième connaîtra la disgrâce, jusqu'ici très puissant et vraiment trop-riche.
La moulinette est en marche et rien ne l'arrête : le film a juste la pudeur de ne pas s'arrêter trop longuement sur les 2.000 vraiment pas riches qui avaient déjà fait les frais de la mécanique infernale des cotations en bourses, des OPA et des licenciements en masse. On n'est pas chez Ken Loach et l'histoire commence à la fin, quand la moulinette a déjà grignoté les usines(1) et  tout le bas de l'immeuble(2), crunch, crunch, crunch ... c'est au tour des cadres sup' de se retrouver sur la parking avec leur petit carton rempli de trophées et autres photos-de-famille-sur-son-bureau. Ah oui, faut vous dire qu'on est est aux US : pas de PSE, d'inspecteur du travail et autres empêcheurs de licencier en boucle. Vous êtes convoqué à 9h30 chez la DRH et à 10h vous êtes sur le parking. Sur le coup de midi, vous êtes déjà au pub ou à la maison ...
D'ailleurs comment on la paie maintenant la maison ? et les traites de la Porsche ? Comment on paie l'abonnement au golf, la XBox des gosses, et tout et tout ... ?
Car, chez ces gens-là, on vivait déjà au-dessus de ses moyens ... alors qu'en y'en a plus du tout, des moyens ...
Le film est surprenant : pas de méli-mélo, pas d'esbroufe, pas vraiment de sympathie pour les trois personnages ...
Le premier, le plus jeune, a beau être Ben Affleck c'est plutôt le mâle cadre sup' qui refuse de regarder les choses en face. Le troisième, le plus vieux, a beau être Tommy Lee Jones, s'il est le dernier à être viré c'est qu'il a quand même viré les autres avant ... et en plus il couche avec la jeune DRH aux dents longues qui finira par le virer, lui-aussi, c'est son job. Bref, c'est la jungle. Celle qui est habitée par de drôles d'animaux. Celle où les plus gros mangent les plus petits, et celle où y'a toujours un plus gros derrière ... Mais c'est pas non plus un film avec que des méchants, juste des gens ordinaires (enfin, presque ordinaires, cadres sup' on vous l'a dit), des gens qui font tourner la Grande Machine Kapitaliste à plein régime et qui finissent pas se faire bouffer par elle. Un peu surpris, désorientés, ... ah ben ça alors ? ! ...
Une certaine froideur pour ne pas dire une froideur certaine baigne tout cela. Pas de tendresse. Les dialogues sont secs. C'est dur. Dur et froid.
Et c'est sans doute là que le film est le plus juste et qu'il frappe fort : on en ressort avec le sentiment d'un certain malaise pour ne pas dire un malaise certain. Y'a même pas de happy end façon hollywood alors qu'il y avait tous les ingrédients à portée de main, non, même la fin a un drôle de goût amer ...
Seules les femmes semblent étrangères à tout cela(3), à demi absentes.
Brrrr ... ça fait froid dans le dos. Comme un miroir.
Un miroir écrit il y a vingt ans et qui déjà, dessinait notre présent quand le chômage ne frappe pas que les autres et que tout cela arrive désormais à tout le monde, absolument tout le monde(4), même ceux qui ne s'y attendent pas, même les cadres sup' de la grosse boîte, crunch, crunch, crunch  ...

(1) : en l'espèce, les chantiers navals de Boston, un visage méconnu de la Grande Amérique, façon Saint-Nazaire ou La Ciotat ...
(2) : les fourmis affolées se construisent d'ailleurs un nouveau siège social comme pour échapper à la moulinette mais c'est plutôt la fuite en avant et le syndrome de la pyramide-mausolée ...
(3) : sauf bien sûr la DRH aux dents longues, dont on imagine qu'à son tour, elle se fera virer un de ces quatre par un plus jeune loup
(4) : c'est l'un des messages clés du film


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de bureau.
Critikat, PascalePlayliste et Filmosphere en parlent.

Cinoche : Les femmes du 6° étage

Luchini et les minimoys.

Il y a les bourgeois du 16°. Et il y a les femmes du 6°.
Les femmes du 6°, ce sont les espagnoles logées dans les chambres de bonnes du 6° étage de l'immeuble du 16° arrondissement.
BMR y est allé en traînant les pieds (rraah, encore voir Luchini cabotiner pendant deux heures ?) mais a finalement remercié MAM de son obstination.
Nous voici à la fin des années 50. Fabrice Luchini est un agent de change à l'ancienne, marié à une ravissante idiote (Sandrine Kiberlain, impeccable) épuisée à l'idée de passer sa journée infernale à jouer au bridge, visiter un musée et prendre le thé avec Madame de et Madame de.
Alors bien sûr pour tenir la maison, il faut une bonne.
Les bretonnes sont reparties chez elles et ce sont donc les espagnoles qui, à cette époque, emménagent au 6° dans les immeubles du 16°.
Celle que Luchini/Kiberlain embauchent à leur service est un peu trop jeune et un peu trop jolie.
Le vieux comptable empoussiéré va donc découvrir tout un monde qu'il ignorait soigneusement, juste au-dessus de chez lui.
Et le voici qui s'entiche d'espagnoleries. Il découvre en quelque sorte de vraies gens.
Lui qui était intraitable sur la durée de cuisson de son œuf coque le matin (il tenait ça de son grand-père puis de son père, tout comme la charge d'agent de change) lui donc, va sortir de sa coquille et découvrir la vie.
C'est gentil, un brin désuet, plein d'humour finaud, et surtout plein de tendresse pour tous les personnages.
Des caricatures : l'agent de change, sa blonde écervelée, les enfants odieux, les espagnoles et leur chorizo ou leurs prières, même la concierge bien de chez nous, ... mais des caricatures façon bande dessinée, avec un second degré, léger mais persistant.
Le propos n'est pas tant la description de la fracture sociale entre le 6° et les autres étages que l'histoire d'un éveil à la vie et une belle histoire d'amourette. Les femmes de ménage vont balayer la poussière qui étouffait le ménage Luchini/Kiberlain.
Critikat, toujours féroce, parle d'un Dany Boon pour cadres sup' .... hmmm ! Bon. D'accord.
Dépêchez-vous c'est bientôt fini, on était déjà en retard ...
Et puis rassurez-vous : Luchini n'en fait pas trop, dans un rôle où il excelle.


Pour celles et ceux qui aiment la vie des immeubles haussmaniens.
Libé, Pascale, Critikat en parlent.

Miousik : Charles Pasi

To listen, or not to listen, that is the question.

Notre grande chanteuse nationale n'a toujours pas quitté son petit président.
On l'a promis juré craché on ne l'écoutera plus. Plus jamais jamais.
Faut-il pour autant bouder tous les artistes qui ont fricoté avec elle ? Ah, trop dur.
Peut-on pardonner à Charles Pasi d'avoir commencé sa carrière en tournée avec la Dame ?(1)
Peut-on lui pardonner d'avoir préparé la BOF des films de la frangine ?(2)
Pourra-t-on lui pardonner d'avoir participé aux albums de la Dame ?(3)
Déjà les midinettes au cœur faible qui nous lisent ont tranché et flashé sur sa belle gueule de voyou à la Doherty.
Les messieurs, jaloux mais plus sérieux, laisseront leurs oreilles seules décider du sort à réserver au ci-devant Charles Pasi.
Allez, reconnaissons à ce roi de l'harmonica, jeune (25 ans !) prodige du blues français (oui, français !), un talent certain pour nous concocter un swing de derrière la fumée bleue des fagots. Ni trop rocky, ni trop jazzy, juste pile poil comme on aime. Rien à redire.
La petite balade de Remember the day, le swing de Up to us, et d'autres encore, valent le détour.
Conseil de dégustation : fauteuil en cuir, casque sur les oreilles, verre de ouisqui à la main. Façon piano-bar.
C'est en écoute intégrale et gratuite sur notre playliste et ça vient de sortir.
Verdict dans les bacs ce mois-ci et dans les urnes en 2012.

(1) : bon, ça on peut : c'était avant que Blanche-Neige tombe amoureuse de Grincheux
(2) : oui, ça on peut aussi : la Tedeschi, elle est sympa
(3) : ben là non, on peut pas hein ?


Pour celles et ceux qui n'aiment pas plus du tout Carla mais peut-être encore un peu ses amis.
Le JDD (ben oui) en parle et nous assure qu'il a pas couché, c'est déjà ça.