Cinoche : Lincoln

13° amendement.

Après la réélection d'Obama et le Django de Tarantino, on attendait avec impatience le Lincoln de Spielberg.
Deux films sur l'esclavage US, deux films en longueur, deux films à texte.
Mais alors que Tarantino donnait dans le grand spectacle à sensations fortes, Spielberg verse dans le film à thèse : on sent le projet personnel longuement mûri que de porter à l'écran le président préféré des américains. Et c'est Daniel Day Lewis qui s'y colle, bargeot parfait pour incarner l'intransigeant illuminé.
Le long propos du film tourne autour du fameux 13ème amendement de la Constitution US qui abolit l'esclavage. Un amendement que Lincoln veut à tout prix faire voter avant la fin de la guerre de Sécession, persuadé que sans cela, la paix ne sera que le retour à la situation d'avant et que la guerre aura été inutile.
Les amateurs de fresque historique seront déçus : les quelques scènes de guerre ne sont là que pour donner une idée de la boucherie qui dure et renforcer la thèse politique.
Les amateurs de film de procès seront comblés : les reconstitutions des débats de l'assemblée sont rigoureuses et précises.
Le film retrace les discussions, passionnées et houleuses, à la chambre mais aussi dans les coulisses : face à ses opposants démocrates, le républicain Lincoln voulait abolir définitivement l'esclavage (l'émancipation précédemment proclamée ne suffisait pas), tandis que d'autres privilégiaient la paix avec le Sud, ou que d'autres encore voulaient aller jusqu'à la reconnaissance de l'égalité entre les races(1) (excellent et très présent Tommy Lee Jones), ...
Pressé par l'arrivée inéluctable de la paix, Lincoln n'hésitera pas à manipuler ou même acheter certains députés pour gagner la majorité des deux tiers dont il avait besoin pour faire adopter son texte. Il paiera son succès de sa vie, assassiné quelques mois après.
Tout cela est minutieusement et longuement décrit, raconté, expliqué.
C'est un film à texte et le sujet est passionnant : on connait l'issue du scrutin depuis 150 ans déjà, mais on ne peut s'empêcher de prendre fait et cause pour l'intransigeant Lincoln.
Mais on est évidemment très très loin du grand cinoche de Tarantino.
    
(1) - il faudra encore cent ans pour y arriver ... la démocratie avance à petits pas

Pour celles et ceux qui aiment les débats politiques.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.