Cinoche : Le passé

De l’incommunicabilité entre les êtres.

Nombreux furent les spectateurs qui en 2009 avaient raté le premier film d’Asghar Farhadi : À propos d’Elly, et nous l’avions attrapé de justesse.
En 2011, tout le public s’était retrouvé pour le second : Une séparation, tout le monde sauf Cannes et son festival (le film était sorti en juin).
Alors aujourd’hui la Croisette redouble d’efforts pour se rattraper et encense à l’envi le troisième film de l’iranien Asghar Farhadi : Le passé, promis à un bel avenir de palmipède.
Tant mieux bien sûr pour le film et pour les spectateurs dont cette fois-ci aucun ne pourra rater la projection, mais pour BMR & MAM, les possibles palmes seraient plutôt à décerner à Asghar Farhadi “pour l’ensemble de son œuvre” comme on dit, car son dernier film est certainement le moins bon des trois.
Outre les jeux de portes, vitrées ou pleines, ouvertes ou fermées, on retrouve ici comme dans Une séparation plusieurs thèmes de prédilection de l’iranien, à commencer par celui des enfants écartelés au milieu des déchirements des couples.
Mais cette fois-ci le jeu autour des enfants (il y en a même plusieurs de lits différents) se fait franchement pesant, démonstratif et appuyé, façon : la meilleure façon d’éduquer les gosses de divorcés(1) ...
L’autre thème récurrent d’Asghar Farhadi est celui de l’incommunicabilité. Il est ici dramatisé sans compter, depuis la première scène où le couple tente de se parler à travers les vitres de l’aéroport jusqu’à la scène finale qu’on vous laisse découvrir : une scène finale plutôt bien vue (sans jeu de mots : le spectateur voit ce que l’acteur ne sait pas voir …) où un autre couple n’arrive pas à communiquer, mais malheureusement une scène pesamment alourdie par ce qui précède.
Tout au long de son film Asghar Farhadi en fait trop, à l’image de cette accumulation sordide de désespoirs sur ces iraniens et de cette bicoque bric-à-brac dans la banlieue sous la pluie.
Dans Une séparation c’étaient les mensonges accumulés qui peu à peu, emportaient tout le monde dans une spirale infernale. Avec Le passé ce sont plutôt les vérités qui, péniblement mises à jour une à une, entraînent Marie (Bérénice Bejo(2)) et ses hommes et ses enfants et ses spectateurs dans un puits de misérabilisme sans fond.
Paradoxalement, plus le film avance, plus les révélations renversent les rôles, et plus on ressent la pesanteur de la démonstration.
Alors oui, on est sans doute un peu trop critiques et à coup sûr trop caustiques : Asghar Farhadi est un réalisateur qui sait filmer et tout cela reste du très bon cinéma. Mais on regrette franchement le montage nettement plus subtil de ses premiers scénarios.
Comme l’amie Véro qui a bien aimé, faites-vous donc votre propre idée de cette mise en scène de l’incommunicabilité avec son cortège d’omissions et de mensonges, de vérités ou de demi-vérités pas toujours bonnes à dire, … Un film bien pessimiste, qui finit comme il commence : le message ne passe pas …

(1) - les jeux de chambres et de literie n’apportent pas grand chose au scénario … ou alors c’est pour varier des jeux de portes ?
(2) - très belle BB qui fait des efforts méritoires pour faire oublier son naturel glamour et chic dans Sevran-la-banlieue-sous-la-pluie mais qui donne une envie furieuse de lui botter le cul pour la sommer, là, maintenant, tout de suite, de choisir enfin et une bonne fois pour toutes entre ses trop nombreux maris


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de couple(s) qui finissent mal en général.
Cluny est plus bienveillant. Critikat en parle aussi.

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