Cinoche : Diplomatie

Paris brûle-t-il ?

Nous voici bien en retard pour aller voir Diplomatie, la pièce de théâtre de Cyril Gély adaptée à l’écran par Volker Schlöndorff avec les mêmes acteurs que sur scène : André Dussolier et Niels Arestrup.
La faute à quelques critiques qui fustigeaient une pièce de théâtre filmée trop simplement et enjolivée de scènes de rue inutiles.
Mais on aime trop le trop rare Arestrup (et Dussolier un peu aussi) pour manquer l’occasion de voir le texte loupé au théâtre.
Et finalement le résultat est plutôt un très bon moment de théâtre de cinéma.
Évidemment le parti pris est celui de filmer la pièce de manière appliquée mais élégante (très ciné français), un quasi huis-clos dans la suite du Meurice occupée par Von Choltitz, gouverneur de Paris en août 44. Mais l’affrontement de ces deux hommes dans cet espace confiné est le sens même du texte et il eut été hasardeux de vouloir en faire une fresque historique à grand spectacle.
D’ailleurs peu importe l’Histoire et sa Vérité puisque cette joute oratoire, ce combat verbal, cette partie d’échecs  entre les deux hommes se revendique comme une fiction et seuls les deux ‘personnages’ sont réellement empruntés à l’Histoire avec le prétexte, l’argument comme l’on disait à l’école. Le militaire va-t-il obéir à l’ordre aberrant qu’il a reçu ? Le diplomate va-t-il réussir à l’en dissuader ? Et à quel prix ?
Alors oui, les dialogues sont pleins de vivacité et de justesse, un très beau texte. Niels Arestrup est évidemment taillé pour son uniforme et André Dussolier nous surprend à ne pas jouer Dussolier mais un diplomate suédois malicieux, impertinent … et implacable. Un beau combat à fleuret moucheté.
Un combat dont on connait bien sûr l’issue mais qui reste tendu jusqu’à sa fin poignante lorsque Dussolier s’apprête à partir sans le sauf-conduit qui lui serait nécessaire : dès le lever de rideau, l’Allemagne avait déjà perdu la guerre et le général Von Choltizt avait déjà perdu la partie.


Même s’il s’agit là encore de pure fiction historique, ne manquez pas dans la première partie du film, cette excellente réplique de Dussolier qui arrive chez Von Choltitz  par l’escalier secret qui soit-disant aurait servit à Napoléon III pour rejoindre sa maîtresse (Elizabeth-Ann Haryett, dite Miss Howard) et qui dit quelque chose comme :

[…] quelque soit l’époque, le pouvoir et les affaires de cœur ne font pas bon ménage, surtout quand il s’agit d’une comédienne …


D’autres avis sur Sens critique. NoPopCorn en parle aussi.

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