Cinoche : D’une vie à l’autre

Histoire de nos chers voisins.

On regrettera la campagne marketing qui triture la VO du titre (qui donnerait plutôt quelque chose comme une deuxième vie ou une double vie et non pas D’une vie à l’autre) pour mieux lorgner du côté du succès de La vie des autres. Promotion tout à fait inutile puisque le film de l’allemand Georg Maas se suffit à lui-même sans nul besoin du parrainage du précédent.
Certes, il est encore ici un peu question de la Stasi mais ce sera à peu près le seul lien.
Que ces traficotages publicitaires ne vous empêchent pas d’aller voir ce film fort intéressant où l’on parle allemand, norvégien, anglais et même un peu danois ! Dépaysant !
Pendant la seconde guerre mondiale, à la faveur de la ‘neutralité’ norvégienne, de nombreux enfants virent le jour, nés d’un soldat allemand et d’une mère norvégienne. Cela fit les affaires des nazis qui s’empressèrent de récupérer ces rejetons bien blonds aux yeux bien bleus pour consolider les bases du Reich. Beaucoup de ces enfants furent donc arrachés à leur mère et envoyés dans des ‘orphelinats’ en Allemagne : c’était l’opération Lebensborn.
Des enfants qui firent ensuite les joies de la Stasi qui trouva là une étonnante pouponnière d’espions.
Katryn, l’héroïne du film (très belle actrice que cette Juliane Köhler, pour un beau portrait de femme) est l’une de ces enfants. Une miraculée qui, dans les années 70, a réussi à échapper à la RDA d’après-guerre et à retrouver sa mère en Norvège.
Nous sommes maintenant dans les années 90 et le Mur vient de tomber.
Les archives s’ouvrent et des actions sont désormais tentées en justice pour obtenir réparation : on demande, on réclame, le témoignage de Katryn. Sauf que cette femme, maintenant grand-mère, ne peut pas raconter sa véritable histoire, elle ne veut pas que le passé soit brassé ainsi et que remontent à la surface des secrets et des mensonges qui doivent absolument, impérativement, rester enfouis. Il en va de la survie de pas mal de monde et notamment de sa famille.
On ne vous dévoilera rien de plus sur l’intrigue (plutôt bien vue et assez touffue pour titiller notre intérêt tout au long de la séance) mais sachez que le film ne peut certainement pas se réduire à un thriller d’espionnage. Il s’agit plutôt un film sur les liens de famille, ceux qu’on crée, ceux qu’on croit, un film sur la vie d’une femme emportée et broyée par l’inexorable rouleau compresseur de l’Histoire, de sa naissance jusqu’à ces années 90, …
Le tout dans une ambiance dure et sévère, assombrie par une météo norvégienne qui semble faite de pluies glaçantes et d’embruns neigeux. Même la musique est de la partie et se montre (un peu trop) pesante.
Une histoire bien pessimiste où les personnages sont, sans échappatoire, rattrapés par l’Histoire.
N’en déplaise à la campagne de promo, on est plus proche de Barbara que de La vie des autres.
L’occasion de découvrir quelques pans de l’Histoire méconnue de nos riches et chers voisins norvégiens.


Pour celles et ceux qui aiment l’Histoire de nos voisins.
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