Cinoche : Spotlight


Les survivants.


Depuis longtemps les américains sont des adeptes du film tous publics, historique, édifiant et instructif, le film qui raconte la fameuse histoire vraie inspirée de faits réels : Le pont des espions, Pawn sacrifice, Imitation game, ... pour ne citer que les derniers.
Bien sûr tous ces films sentent la course aux oscars (le septième art est aussi une industrie) mais avouons que depuis quelques temps, ces auteurs américains sont devenus des experts et que ces films sont plutôt très réussis.
Spotlight est exactement dans la même veine.
En 2001, une équipe de journalistes du Boston Globe déterre le scandale des prêtres pédophiles qui depuis des années terrorisent, agressent, violent des dizaines, des centaines et des milliers d'enfants. Certains se suicideront, les plus chanceux (les survivants comme on les appela) finiront dans l'alcool ou la drogue.
La très catholique Boston étouffait soigneusement ces ses affaires et l'Église déplaçait ses prêtres de paroisse en paroisse. Près d'une centaine de curés seront épinglés par l'enquête des journaleux.
Quatre journalistes regroupés dans une petite équipe (Spotlight) à laquelle le journal laisse le temps de peaufiner de longues et fastidieuses enquêtes de fond : à l'heure où l'actualité semble se réduire à repartager un tweet de fil en page, voilà une mise au point salutaire !
Des journalistes très ordinaires, des enquêteurs besogneux, qui vont pas à pas, consciencieusement, déterrer une affaire qui, jusqu'ici, avait été soigneusement glissée sous le tapis (le journal avait déjà été tuyauté plusieurs années auparavant sur les agissements de la prêtrise).
Difficile de trouver quelque chose à reprocher à ce film qui se met totalement au service de sa cause : montrer le travail journalistique et dénoncer les protecteurs des curés pédophiles. Point.
Pas d'effet grandiloquent, pas de mélo larmoyant, pas d'héroïsme glorifié, ni même de thriller journalistique.
Les faits, rien que les faits, un par un, mis bout à bout.
Le seul hic c'est que ce qui nous est montré s'avère tout simplement monstrueux et que petit à petit, les spectateurs et les journalistes (re-)découvrent l'ampleur de cette quasi-organisation.
Dans la salle chacun finit estomaqué au fond de son fauteuil, en se disant que non, c'était pas une vieille histoire des années 70 (la scène d'ouverture), non c'était en 2001, juste hier et que non, c'est pas parce que quelques de curés se sont fait prendre en flagrant délit à Boston que ça continue pas encore et ailleurs.
L'archevêque de Boston, Monseigneur Bernard Francis Law, finira quand même par demander pardon aux victimes (aux survivants, comme ils furent nommés) et se verra offrir par Jean-Paul II, un placard doré à Rome.
Finalement, c'est peut-être cela qui dessert ce film qui n'a visiblement pas le succès mérité : les faits qu'il nous montre si posément et si factuellement sont tout simplement insoutenables, d'autant plus qu'on sait bien que tout cela continue encore et partout. Le spectateur mal à l'aise n'a pas du tout envie d'ouvrir les yeux là-dessus.
C'est donc un film obligatoire.

Pour celles et ceux qui aiment les journalistes et pas les curés.
D’autres avis sur Sens Critique et l'article de RFI de 2002.

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