Cinoche : Toni Erdmann


La fille et son père.


La cinéaste allemande Maren Ade et l'actrice Sandra Hüller ont tiré le gros lot avec ce film Toni Erdmann, dont tout le monde parle depuis Cannes. Nul doute que la voie du succès leur est grande ouverte.
Notre enthousiasme reste tout de même très modéré.
D'abord parce que ce film est beaucoup beaucoup trop long, tant par sa durée (près de 3 heures !) que par son rythme.
Ensuite parce que le battage médiatique nous a laissé sur notre faim : certains voulaient-ils donc 'palmer' ce film ? Cela ressemble beaucoup à l'histoire de Winter Sleep.
Enfin parce que la 'comédie hilarante' qui nous était annoncée ne fait pas vraiment rire.
Il s'agit d'un humour grinçant, qui met mal à l'aise, avec efficacité et pertinence, mais en restant très loin de Woody Allen.
En dépit de ce décalage surprenant entre battage médiatique et réalité filmique, Toni Erdmann reste un film à voir.
D'abord pour la prestation de l'actrice Sandra Hüller qui, elle, aurait peut-être bien mérité une palme ...
Ensuite pour cette histoire d'un papa mi-grincheux, mi-clown (un clown triste en quelque sorte) qui entreprend de partir à la reconquête de sa fille.
Ils s'étaient éloignés (lui, ne savait même pas trop où elle bossait).
Elle bosse dans un grand cabinet (genre McKinsey) et conseille des compagnies pétrolières pour délocaliser et 'outsourcer'. Jeune louve aux dents longues, impitoyable en amours comme en affaires, un peu le profil 'tueuse'. Pas de sentiments. Même les roumains vont passer à la casserole, c'est déjà leur tour, après avoir été le notre. On pense un peu à Tout de suite maintenant.
Le papa clown triste va foutre un peu le bazar dans cette vie de business woman trop bien réglée.
Il se déguise (fausses dents, perruque, ...) et crée un personnage pour naviguer dans l'entourage de sa fille : veut-il cacher le père qu'il n'a pas su être ? lui montrer que c'est elle qui a endossé un rôle et une vie artificielle ?
On ne sait malheureusement pas trop quel film a voulu tourner Maren Ade : une belle histoire de famille, une plongée dans le monde des affaires, une morale sur le temps et la vie qu'on laisse filer trop vite entre nos doigts, une fable sur les faux-semblants, les déguisements et tout ce qui nous évite de nous regarder tout nus, tels qu'on est réellement, ...
Après une exposition un peu lourdingue (le déclenchement libérateur pour papa), la première partie pendant laquelle le père se met en quête de sa fille est plutôt bien vue.
La (belle) fin qui permettra au spectateur de décoder l'affiche est également bien réussie.
Mais les longues et répétitives errances de fifille et papa dans divers clubs et hôtels pour allemands expatriés à Bucarest nous a plutôt ennuyés : autant de scènes qui n'apportent rien à l'histoire (ni même aux histoires) et rallongent et ralentissent inutilement ce film.
Peut-être est-ce là une marque de fabrique du cinéma allemand mais les symboles et les explications sont vraiment trop appuyés, un peu d'élision aurait contribué à alléger le propos.

Pour celles et ceux qui aiment les filles à papa.
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