Cinoche : Battle for Haditha

Voie sans issue.

On l'a déjà dit et redit, 2007/2008 sera la saison des films sur les guerres d'Afghanistan et d'Irak, avec déjà vus : La guerre selon Charlie, La Vallée d'Elah et Lions et agneaux.
Dans quelques jours sort le Brian de Palma : Redacted, et en avril : Grace is gone de James Strouse.
Aujourd'hui ce sont les anglais qui s'y collent (on les sait, eux aussi, très impliqués dans la guerre d'Irak), avec Nick Broomfield, un habitué des documentaires, qui se livre ici à une quasi-reconstitution d'un drame de la guerre : Battle for Haditha.
Cible d'un attentat comme il y en a tant, une troupe de Marines comme il y en a tant s'en prend à des civils comme il y en a tant.
Une histoire vraie ... comme il y en a tant : les 24 civils de Haditha, hommes, femmes et enfants, victimes de cette bavure, avaient le tort de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, en plein coeur d'une mauvaise guerre, une guerre d'occupation.
Ces habitants « vivent » coincés entre la crainte de l'occupant et celle des représailles de la résistance et leur seule « solution » semble être l'exil.
Un peu comme dans le Vol 93 (pour rester dans le même registre géo-politique), on sait d'entrée ce qui va se passer et si l'on n'était pas au courant, le générique se charge de nous mettre au parfum.
Il n'y a donc aucun suspens. C'est la terrible recette de ce film : jetez dans un chaudron une population de civils, une poignée de soldats et une pincée de résistants plus ou moins terroristes, laissez revenir à veu vif.
Et sortez sans tarder de la cuisine car le mélange ne peut être qu'explosif, si on veut bien me passer ce triste jeu de mots.
Les Marines sont dans un état de stress permanent et les apprentis terroristes jouent avec le feu (encore un autre mauvais jeu de mots) : alors les civils vont trinquer. Forcément.
Si l'on s'était trouvé coincé avec les civils, sans doute serions nous restés sur place, nous aussi, avec la famille et les grands-parents, effrayés à l'idée de voir la résistance débarquer à la maison.
Si l'on s'était trouvé parachuté avec les Marines, sans doute aurions nous couru, nous aussi, derrière le caporal, après des mois d'entrainement, de bourrage de crâne et de stress.
Si l'on s'était trouvé embarqué avec les résistants sans doute aurions nous joué, nous aussi, aux apprentis sorciers pour débarasser le pays de l'ennemi et de l'occupation.
L'intérêt du film est de nous emmener sur place, comme en reportage, alternativement aux côtés des Marines, des résistants ou des habitants. En faisant justement la part belle à ces irakiens qui ne verront pas la fin du film, et encore moins celle de la guerre.
Après un départ tonitruant, lorsque les Marines dévalent les pistes caillouteuses dans leurs Hummers en écoutant du hard-rock à donf, la tension dramatique et le stress vont monter, dans chacun des camps, jusqu'à l'hécatombe.
Avec beaucoup d'émotion, le film se termine dans une profonde tristesse.
Car c'est bien là le message : dans une sale guerre comme celle-ci, il n'y a d'issue pour personne.
Pour aucun des camps.

Pour celles et ceux qui aiment changer des reportages-télé. 
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