Cinoche : Un conte de Noël

Les liens du sang.

Bien sûr il fallait se méfier : Un conte de Noël qui sort en salles au mois de juin ...
Et en plus qui se déroule à ... Roubaix ! (oui, même le point d'exclamation est là, dans le sous-titre du film).
Je n'ai rien contre les Ch'tis (d'ailleurs ce serait très mal vu en ce moment) mais, franchement, Roubaix en ville féérique de Noël c'est pas ça.
La grisaille et la pluie sont là presque tout du long et ça sent la délocalisation, jusqu'à ce que, quand même, on ait droit à un Noël blanc.
Et la neige, vraiment, ça vous transfigure même une ville du Nord à moitié déshumanisée.
Mais bon, on n'était pas venu là pour admirer le paysage mais pour apprécier toute cette pléiade d'acteurs (qui prennent d'ailleurs beaucoup de place sur l'affiche).
Et là, chapeau, on est invité à passer les fêtes, comme on dit, avec une sacré famille. Que de talents !
Mais alors quelle famille ! La fille aînée, à moitié équilibrée, est affligée d'un ado à moitié schizo et d'un mari à moitié absent, un autre fils, alcoolique, revient à la maison après avoir été banni pendant de longues années par la sœur suscitée, la mère est atteinte d'une maladie pas possible, et tout le monde croule sous le poids du non-dit depuis la mort d'un autre fils très jeune, lui aussi emportée par une maladie grave, ...
De génération en génération, on semble ici faire des enfants pour bénéficier d'un donneur compatible en cas de greffe ... lourd est l'héritage !
Sous des apparences presque anodines, la violence des sentiments affleure sans cesse.

[...] Je ne t'ai jamais aimée, dis le fils à sa mère. Moi non plus, répond-elle sans sourciller.

Et ainsi d'un personnage à l'autre, chacun ne semble avoir eu de cesse que de voler sa vie à son prochain.
Au propre ou au figuré. Dans la chair (ou le sang) ou en amour.
Familles, je vous hais, disais André Gide. Manifestement, c'est aussi la devise d'Arnaud Desplechin.
Même les pièces rapportées comme Chiara Mastroianni, joliment filmée, finissent broyées par cette famille vampirique.
Seule Emmanuelle Devos traverse ce film intègre, mais vous savez qu'on a un faible pour elle et, qui plus est, elle ne fait pas partie de la famille. Elle aussi pièce rapportée, elle est juive et aura un prétexte pour échapper à la fête de Noël ...
Ce qui s'ajoute aux quelques symboles un peu lourdingues du chapitre religieux : avec la famille qui regarde les Dix Commandements à la télé, et puis la crèche où il n'y a pas de petit Jésus (celui de la famille a disparu aussi quand il était petit), bof ...
Autre aspect un peu trop appuyé, la médicalisation de la greffe (hôpital, ponction, ...) qu'on aurait préférée un peu plus symbolique, sur le mode vampire.


Pour celles et ceux qui aiment les histoires de famille.
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