Cinoche : The informant

C’est l’histoire d’un fou …

On n'est pas allés voir The informant. On n'est même pas allés voir le dernier Soderbergh.
Non, on est allés voir Matt Damon, tant il est vrai qu'il porte le film, l'histoire et le personnage sur ses épaules.
Matt Damon a pris au moins quinze kilos et incarne de manière stupéfiante ce cadre du middle-west américain (moustache, moumoute, imper, tout y est), directeur de production dans un trust agro-alimentaire.
Le film est tiré d'une histoire vraie du début des années 90 : le bonhomme en question a roulé dans la farine en vrac, ses patrons, sa femme, le FBI, le Ministère de la Justice, ses avocats, ceux de ses patrons, ses amis, les journalistes, et j'en passe ...
Mis sous pression après des problèmes de production, il invente (?) une taupe japonaise venue saboter l'usine. Ses patrons font appel au FBI.
Il se tire de son premier mensonge en imaginant une embrouille et déclare au FBI qu'il veut mettre à jour l'entente illicite sur les prix entre ses patrons et leurs concurrents japonais. De cette mystification il sortira par une pirouette et un nouveau mensonge. Qui appellera une autre affabulation. Etc, etc ... un véritable festival d'arnaques et d'imbroglios dans lequel il entraîne tout le monde autour de lui.
Le bonhomme manipulateur se voyait bien en espion (0014, doublement plus futé que 007) et aurait bien dégommé tout le staff de sa boîte pour se retrouver PDG.
On est restés un peu mitigés sur ce film : pas vraiment accrochés et tenus à l'écart, un peu ennuyés, par la distance que mettait Soderbergh entre nous et l'écran. Il est vrai que le personnage de Matt Damon n'est pas très sympathique, du moins au début.
Et puis Soderbergh filme tout cela façon années 70 (alors que l'histoire a moins de quinze ans) ce qui accentue encore le recul.
Reste les dernières vingt minutes avec notamment une scène époustouflante où Matt Damon est enfin confondu de l'un de ses bobards (une erreur de date de quelques jours sur un faux courrier) et où ses voix intérieures viennent lui souffler les nouveaux mensonges à empiler, à enfiler, pour se tirer de ce mauvais pas : il s'enfonce encore plus loin dans ses bobards, sa femme se met à pleurer à ses côtés, l'enquêteur du FBI ne sait plus où se mettre ...
Car Matt Damon (enfin, son personnage) est un malade, mythomane, bipolaire, peu importent les étiquettes et c'est ce qui nous le rend finalement sympathique et (enfin) humain, malgré l'énormité de l'empilage d'affabulations ... auxquelles tout le monde a cru ...
Sa femme (Mélanie Lynskey) trouve d'ailleurs là un rôle intéressant : nunuche potiche de province au début du film, elle se transforme au fil de ces quelques années et se révèle finalement la seule à comprendre et aimer son mari.
On aurait apprécié que cet aspect humain de l'histoire soit plus développé et non le volet juridico-financier, finalement moins intéressant ...


Pour celles et ceux qui aiment qu'on leur raconte des histoires.
Timothée en parle, Pascale et Cluny également.

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