Cinoche : Mother

Spécial fête des mères.

Voilà bien longtemps que nous n'étions allés voir un film asiatique ...
Il faut se ré-habituer au rythme lent des films orientaux et à leur violence crue.
Cela valait le coup pour Mother du coréen Bong Joon-ho avec Kim Hye-Ja une superbe actrice de 70 ans qui porte le film sur ses frêles épaules de mère courage accablée d'un fils un peu débile, pour ne pas dire idiot (car il s'énerve quand on le traite d'idiot).
Le benêt fréquente des mauvais garçons. Une jeune lycéenne, sans doute de peu de vertu, se fait trucider. Tous les indices concordent pour accuser le fils. En quelques minutes l'affaire pourrait être bouclée par une police pressée et des avocats peu scrupuleux, mais c'est sans compter sur l'amour de la mère ...
Et c'est surtout sans compter sur le talent de cinéaste de Bong Joon-ho qui nous mène par le bout du nez dans les ruelles de son film, entre docu social, thriller et drame familial.
Car rien n'est ce qu'il parait dans ce film : le fils simplet est peut-être plus fin qu'on le croit, la mère dévouée est peut-être plus trouble qu'on le pense, ... On ne vous en raconte pas plus.
Outre son histoire riche et complexe (plusieurs personnages nagent en eaux troubles), ce film au rythme lent possède plusieurs atouts.
D'un, les images de Bong Joon-ho : un as du cadrage, du plan dramatique, pour qui les photos parlent mieux que les mots (photos qui sont d'ailleurs au cœur de l'histoire également ...).
De deux, la prestation de Kim Hye-ja qui, on l'a dit, habite ce film d'une présence forte et humaine. Son image marquera le film durablement.
Et puis voilà un film coréen qui nous emmène bien loin des polars trépidants qui mettaient en scène Séoul et sa jungle urbaine : Bong Joon-ho nous plonge dans les quartiers pauvres d'une petite ville de province, presqu'à la campagne, dans un univers sombre et humide. Le dépaysement est garanti et, curieux, on découvre la vie provinciale d'une étrange Corée à mi-chemin de la Chine et du Japon.
Dans cet univers dur et inquiétant, étrange et sordide, la mère dispose d'un atout maître : elle pratique l'acupuncture et elle sait que sur l'intérieur de la cuisse, à cinq doigts au-dessus du genou, se trouve le point ou l'aiguille piquée délivre des traumatismes et des remords laissés par les mauvais souvenirs ...
Pointer vers le hautPour ceux qui veulent savoir avant de voir, attention, on dit tout sur l'intrigue du film ...
C'est aussi un film sur la culpabilité et le remords qui rongent cette mère, coupable de pratiquer l'acupuncture chinoise, coupable d'avoir pris des médecines pour être enceinte, coupable d'avoir mis au monde ce fils handicapé, coupable d'avoir peut-être voulu s'en débarrasser, coupable de lui avoir appris à se battre quand on le traite d'idiot, coupable de faire disparaitre le témoin qui pourrait accabler son fils, coupable de laisser condamner un innocent à la place de son fils ...
Heureusement, elle connait sur l'intérieur de la cuisse, à cinq doigts au-dessus du genou, le point ou l'aiguille piquée délivre des traumatismes et des remords laissés par les mauvais souvenirs ...

Pour celles et ceux qui aiment d'un amour maternel.
Sancho Asia en parle, Sandra, Paperblog, Publikart et Kapoune aussi.

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