Cinoche : Les invités de mon père

Tout le monde il est pas beau et pas gentil.

La bande annonce pouvait laisser croire à un film de plus surfant sur la vague des immigrés et des sans-papier, mais c'est une histoire de famille que l'on découvre.
On sait depuis le très beau Ceux qui restent (qui figurait à notre best-of 2007) qu'Anne le Ny s'y entend pour filmer les couples.
Dans Les invités de mon père, Fabrice Luchini (pour une fois, maîtrisé) et Karin Viard (à son habitude, excellente) sont frère et sœur et la caméra se fait, par instants, presque incestueuse.
Car Arnaud et Babette pourraient être confondus avec un couple, au point que dans l'une des scènes, c'est Anne le Ny elle-même qui les regarde ainsi.
Un "couple" qui se retrouve et se découvre (très belle scène centrale du film, dans le jardin public où frère et sœur brisent un peu de leur carapace) après avoir appris que leur père (Michel Aumont) entreprend de vivre une nouvelle jeunesse et un mariage blanc avec une réfugiée moldave.
Pour l'avocat Arnaud et et le docteur Babette tout s'écroule.
Leur père emblématique était une "figure" de la gauche-caviar, un militant retraité des grandes causes (avortement, sans-papier,...) et la statue descend de son piédestal. Il recueille une réfugiée de l'Est, se marie avec elle et, comme ses propres enfants n'ont pas besoin d'argent, se met finalement en tête de lui léguer ses quelques sicav.
Il est donc question d'héritage.
Un héritage affectif qui n'a pas été transmis. Un héritage moral trop lourd à porter. Un héritage pécuniaire - le dernier possible ? - qui leur échappe.
Dans ce film que ne renierait peut-être pas Jean Yanne, tout le monde il est pas beau et tout le monde il est pas gentil.
Le père entend bien partager le lit de sa trop jolie moldave, une moldave qui entend bien obtenir un max de fric pour élever sa fille et en accélérant s'il le faut l'AVC du papy, le tout aux dépends d'un frère et d'une sœur qui entendent bien récupérer leur père et leur dû et feront faire le sale boulot par leurs conjoints (excellente Valérie Benguigui).
C'est très politiquement incorrect. Très grinçant. Même si Anne le Ny se garde bien de porter un jugement ou de donner des leçons : elle nous donne juste à voir de l'humain, derrière les apparences et les façades.
Une fin en demi-teinte, douce-amère, laissera chacun, frère, sœur, spectateur, se sortir comme il peut de la tourmente moldave ...


Pour celles et ceux qui aiment les portraits de famille.
Le Monde en parle, Cluny et Pascale également.

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