Cinoche : Octubre

C’est pas le Pérou.

À Lima, le mois d'octobre est celui des processions du Christ miraculeux, le Christ brun, le Señor de los milagros.
Octubre c'est donc le moment où l'on peut espérer un (petit) miracle qui viendrait égayer (un peu) sa vie misérable.
Une vie minable, c'est celle que mène Clemente, prêteur sur gages (autrement dit : usurier), tout seul dans son appartement miteux à manger des sandwiches aux œufs durs entre deux recours à des professionnelles des plaisirs tarifés.
Un jour d'octobre, un bébé lui tombe dans les bras. Une fille.
“SA” fille, en fait. Le fruit de l'un des plaisirs tarifés évoqués plus haut, que tente donc de lui refiler une “puta” qui a d'autres choses à faire que d'élever les gosses de ses clients.
Voilà qui vient bousculer fort désagréablement la vie monolithique, taciturne, routinière et unicolore de Clemente.
Dans l'appartement tristounet de Clemente, le bébé s'installe.
Puis une voisine venue lui prêter main forte pour s'occuper de cette progéniture indésirable et insatiable.
Une voisine à Bon Dieu, adepte des processions du Christ miraculeux et des concours de mots-croisés du journal.
Puis un petit vieux sdf qui fait les mots-croisés de la voisine.
Puis la petite vieille grabataire que le petit vieux a réussi à faire “évader” de l'hôpital.
Peu à peu (le film est très lent), cela finit par faire beaucoup de monde dans le petit appartement de Clemente.
Beaucoup de bruits, de dérangements bref, beaucoup trop de chaleur humaine et de vie dans la vie routinière de Clemente.
On sent que tout est près de basculer, d'autant que, c'est un signe, la prostituée habituelle de Clemente (pas la mère de la petite donc !) a fait réparer sa porte branlante qu'il fallait soutenir depuis des années avant toute entrée ou sortie : on peut pas rester pareil toute sa vie quand même.
Et puis non, le petit vieux s'en va avec sa petite vieille.
Et puis non, la voisine est priée de rentrer chez elle avec le bébé.
Alors Clemente reprend sa petite vie routinière et pitoyable et mange de nouveau des sandwiches aux œufs durs. On approche de la fin octobre, le temps d'une dernière procession du Christ miraculeux.
Bien sûr on ne vous dévoile pas la fin et on vous laisse découvrir si, finalement, le Señor de los milagros se fendra d'un petit miracle pour les petites gens ...
Les frères Daniel et Diego Vega filment en virtuoses (quels cadrages !) la solitude et la difficulté des rapports humains.
Le tout sur un fond de dérision et d'humour noir qui évite tout mélo et tout cliché facile.
Un film intéressant, plutôt réussi ... mais très lent.
La vie de Clemente et de ses voisins, c'est pas bien gai. Et c'est pas filmé bien gai non plus.
Pour amateurs avertis.


Pour celles et ceux qui aiment attendre des miracles.
Kilucru, Critikat et Le Monde en parlent.

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