Cinoche : Le discours d'un roi


Le roi bègue.

Quel beau début d'année cinéma que 2011 : Même la pluie, Incendies, Angèle et Tony, ...
et voici maintenant, Le discours d'un roi.
Sans doute le plus attendu des quatre, mais heureusement, tout à fait à la hauteur des espoirs.
Quel talent que celui du réalisateur Tom Hooper (et du scénariste David Seidler) que d'arriver à réussir ce film et pour un large public, à partir d'un sujet aussi improbable que les difficultés d'élocution du roi George VI ...
Chapeau !
L'histoire est connue, puisque c'est l'Histoire : à la veille de la seconde guerre mondiale, le roi Geroge V se meurt et le Prince Albert, duc d'York doit assumer la charge royale dont son dandy de frère aîné n'a pas voulu.
Sauf que le Prince Albert bégaie. Effroyable pour une personne publique, pour la voix de la Grande Nation Anglaise de l'époque.
Il trouvera une aide (outre son épouse aimante et dévouée : joli rôle pour Helena Bonham-Carter), il trouvera une aide donc, en la personne d'un australien, l'orthophoniste Lionel Logue. Grâce à ses soins il arrivera à prononcer sans trop de difficultés le fameux discours de déclaration de guerre, le discours d'un roi, la voix de la Grande Nation Britannique qui rassemblera tout le monde face à l'ennemi nazi.
Les deux hommes resteront amis.
Voilà pour l'Histoire et l'histoire, résumées en quelques mots.
Mais quel film ! Quelle tension ! On sort de la salle soulagé de pouvoir reprendre sa respiration.
Sans artifices ni excès, Colin Firth réussit à nous rendre palpable toute sa souffrance.
À nous faire ressentir l'énorme poids de la charge qui pèse sur la famille royale(1), une charge que le frère aîné choisira de fuir en Amérique. Comment ne pas finir par bégayer avec une telle pression ?
L'autre volet du film, tout aussi magistral, tient dans la relation entre le futur roi et le “docteur” Logue (Geoffrey Rush, admirable également) qui a bâti sa pratique en traitant les rescapés de la Grande Guerre, rendus muets d'horreur et d'effroi.
Les relations entre les deux hommes (l'un de rang royal, réticent, l'autre, accusé d'être à moitié charlatan, sans diplômes mais convaincu de sa pratique), leurs dialogues, tout cela est plein d'intelligence.
Nul doute que ce succès (la salle est comble) gagnera une place méritée sur le podium 2011.
Au passage, on notera, mi-amusé, mi-étonné, les relations arrogantes que l'Empire Britannique entretenait encore alors avec ses colonies(2) qu'il s'agissait de mobiliser derrière la bannière de l'Union Jack : 
[...] j’invite mon peuple d’Angleterre (at home en VO, sic) et mes peuples d’outremer (overseas en VO, re-sic) à épouser notre cause ...[...] I now call my people at home and my peoples across the seas, who will make our cause their own ...
Le roi parle à la radio (le JT de 20h n'existait pas encore) et le miracle technologique de la TSF parvient à diffuser la parole royale dans les colonies les plus reculées de l'Empire.
Tout cela est passionnant.

Le vrai discours original, hésitations comprises : émouvant, à (ré-)écouter après le film.
C'était le 3 septembre 1939.
(1) : dans le film, son épouse lui dit en substance : j'ai accepté de t'épouser parce que je pensais que, bègue, “ils” te ficheraient la paix et te laisseraient tranquille ...
(2) : rappelons que le docteur Logue était ... australien !

Pour celles et ceux qui aiment les handicaps. 
Libé, Nico en parlent.   À voir aussi  : Un week-end royal.
Une interview de David Seidler, 73 ans, bègue, et scénariste du film.

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