Cinoche : Zulu

Cadavre noir sur sable blanc. 

Sentiment mitigé et avis partagé après le nouveau film de Jérôme Salle qui nous avait déjà donné Largo Winch (entre autres).
Son Zulu sort à point nommé, juste au moment où Mandela tire sa révérence et juste avant que son hagiographie envahisse les écrans.
On ne se souvient plus trop du bouquin de Caryl Ferey dont est tiré ce Zulu, un polar qui va sans doute ressortir des étagères.
Alors sentiment partagé ?
Oui, car on est vivement intéressés par cette plongée dans l'Afrique du Sud actuelle, post-Mandela, qui n'en finit pas de lutter contre les fantômes qui sortent encore et toujours des placards (on peut se rappeler les bouquins de Malla Nunn par exemple). Et les fantômes que vont faire ressurgir Caryl Ferey et Jérôme Salle sont particulièrement hideux. Le film fait plusieurs fois référence à la fameuse Commission Vérité et Réconciliation qui permit à ce pays de surmonter (ou presque) des années d'exactions et d'apartheid. Avec quelques critiques à peine voilées sur le principe qui voulut que, pour ces crimes perpétrés, la confession remplace la justice. Nul doute que cette commission ne fut pas un remède miracle mais il est tout aussi certain que le propos de Jérôme Salle (et de Caryl Ferey ?) est un peu simpliste également. Alors fallait-il/faut-il pardonner ? That is the question mais Jérôme Salle s'attaque visiblement à un sujet beaucoup plus sérieux que Largo Winch. Trop sérieux.
Quoiqu'il en soit, l'Afrique du Sud nous est dépeinte comme un pays hyper-violent où les fantômes continuent, réconciliation ou pas, de sortir des placards ...
Et ça démarre plutôt fort avec quelques cadavres (blancs) défoncés à coup de poings. Et puis quelques gosses (noirs) disparus dans les townships. Un trafic de drogue, une saloperie quelconque. La bande-annonce nous en donnait quelques clés : il fut question d'apartheid chimique, mais il y aura d'autres aspects plus contemporains dévoilés dans le film.
Deux flics mènent l'enquête. Un black et un blanc, figure imposée.
Le blanc, c'est Orlando Bloom (ouiiii, on voit ses fesses), tête brûlée un peu déjantée, façon  Mel Gibson dans l'Arme fatale.
Le black, c'est Forest Whitaker avec sa dégaine de gros nounours balourd qui s'en sort ici plutôt bien et même très bien dans son rôle de zulu.
Tous deux portent les stigmates du passé : le zulu a perdu pas mal de choses auxquelles il tenait. Il ne s'en remet pas vraiment.
Orlando picole et couchaille pour oublier des parents un peu trop zélés du temps du Nasionale Party.
Ouais mais c'est en partie là que ça coince : on ne croit pas une seconde au personnage d'Orlando Bloom. Erreur de casting sans aucun doute et un scénario beaucoup trop romancé (comme ces histoires cousues de fil ... blanc, avec son ex).
Résultat partagé donc avec une plongée passionnante dans cette Afrique du Sud méconnue (celle d'aujourd'hui), mais un discours souvent un peu simpliste (voir douteux parfois) et un polar hyper-violent et un peu bancal.
Réservé donc aux curieux, à chacun de voyager avec son propre regard sur le film de Jérôme Salle et sur la Nation Arc-en-ciel.

Pour la petite histoire, BMR & MAM qui voyagent plutôt souvent (!) n'ont jamais mis les pieds dans ce pays que l'on dit pourtant si beau. Et en dépit des bouquins lus, des films vus, des photos regardées, ils n'en n'ont pas vraiment envie : après avoir grandi bercés (si l'on peut dire) par l'apartheid, il est un peu difficile [pour nous] d'imaginer se baigner sur les plages de Cape Town. D'ailleurs les superbes plages décrites par Jérôme Salle sont tout sauf accueillantes pour le touriste !  Ce sera pour la génération suivante.


Pour celles et ceux qui aiment Forest Whitaker.
L’avis de Critikat . Celui plus enthousiaste de Perle&Navet.

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