Cinoche : The lunchbox


The mailbox.

The lunchbox.
Chaque jour de la semaine, la corporation des 5.000 dabbawallas de Mumbai achemine tous les matins plus de 400.000 lunchboxes ou gamelles préparées par les mères, épouses, petits restos et bouibouis jusque sur le lieu de travail des frères, fils, clients ou maris.
Et l’après-midi, les lunchboxes vides repartent dans l’autre sens.
Le taux d’erreur n’est que de un repas sur plus de 15 millions (!) et même les chercheurs de Harvard se sont penchés sur ce système de livraison unique au monde (et les dabbawallas sont illettrés !).
Comme chaque matin, Ila, une épouse un peu délaissée, prépare avec amour (et fortes épices, et recettes et conseils dispensés par la voisine du dessus) le déjeuner de son mari parti travailler et l’on va suivre le trajet, à peine imaginable, de la gamelle : vélo, charrette, train, charriot, triporteur, re-train, re-vélo …
Scénario oblige, cette lunchbox est la quinze-millionième … et s’en va régaler un inconnu !
Cet inconnu est un gratte-papier (il est comptable), un vieil ours bougon (il est veuf) qui va torcher la gamelle dont le contenu savoureux préparé avec amour (Ila veut reconquérir son mari), le change agréablement de son frichti habituel.
Bientôt les deux inconnus s’échangent quelques mots avec la lunchbox “égarée”(1) qui tisse le lien jour après jour.
Car Ritesh Batra nous dépeint une Mumbai grouillante et surpeuplée bien sûr, où tout le monde s’entasse comme il peut, à la maison, dans la rue, dans le train, dans les bureaux, … mais où chacun, malgré cette promiscuité et cette densité, est désespérément seul.
Le vieux Sajaan est veuf et s’enferme dans son silence en bougonnant, méprisant ses collègues mais lorgnant avec envie sur la vie de famille de ses voisins.
La jeune et belle Ila (Nimrat Kaur, superbe et convaincante actrice) est délaissée par son mari et rêve du bonheur au Bouthan.
Personne ne se cause vraiment.
On ne parle pas à son voisin (de table, de bureau, de train, …) - Ila communique avec sa vieille voisine du dessus en criant par la fenêtre et par panier de commissions attaché à une ficelle - les bientôt veuves prennent soin de vieillards grabataires et comateux - Ila et Sajaan échangeront plus facilement et des choses plus intimes par petits mots et lunchbox interposés que “de vive voix”.
Mumbai est exotique, pittoresque, extraordinaire, curieuse, inimaginable, lointaine … mais semble souffrir des mêmes tourments que nos sociétés occidentales.
Ce petit film étrange fait l’unanimité des critiques (chose rare) et rencontre un succès fou : les petites salles qui le diffusent sont combles ! Très beau début d’année au cinéma qui nous permet de découvrir plein de choses sur la vie quotidienne de la classe moyenne de Mumbai, bien loin des clichés de Bollywood.
Un joli film subtil et plein d’humour et de nostalgie (même si le spectateur occidental doit laisser échapper quelques subtilités), une VO au mélange d’hindi et d’anglais savoureux, un montage astucieux et une rigueur narrative sans faille.
Un petit film plein de douceur et de tendresse pour ses personnages et sa ville : on se laisse bercer par le rythme lent des aller-retour de la lunchbox et des trains.
Malgré une très belle “fin”, on voudrait que cela dure encore et encore : la salle (comble) ne s’y trompe pas qui reste sagement assise en écoutant le chant des dabbawallas pendant le générique de fin.
(1) - un proverbe indien est cité qui nous enseigne que le mauvais train peut parfois nous mener à la bonne gare … tout un poème à Mumbai !



Pour celles et ceux qui aiment la cuisine home-made.
L’avis de Cluny et celui de Critikat.

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