Cinoche : Philomena

My name is Philomena, Philomena Lee.

On ne pouvait pas manquer ce film avec Judi Dench, la madame "M" de James Bond.
Et puis avec Stephen Frears aux commandes ...
En réalité, c'est plutôt Steve Coogan (l'autre acteur) qui aura commandité le film après avoir été conquis par le bouquin qui racontait l'histoire de la vraie Philomena (Philomena Lee).
Dans les années cinquante, l'Irlande n'est pas encore tout à fait sortie du moyen-âge dans lequel l'église catholique enferme la population, loin s'en faut. Les jeunes filles qui ont la malchance de tomber enceintes trop jeunes avant leur mariage sont vouées à l'enfer. Plus exactement à l'enfermement dans des institutions (le mot couvent sonne bien trop beau) menées d'une main de fer par des nonnes qui n'ont plus de Sacré-cœur que le sacré, le cœur ayant séché depuis longtemps(1).
Et tant qu'à faire, ces institutions bien pensantes et surtout bien pensées, profitent (dans tous les sens du mot) profitent de l'occasion pour fournir l'upper-class en jeunes enfants prêts à élever. De riches américains viennent ici s'approvisionner à un prix raisonnable mais substantiel.
Philomena Lee verra son tout jeune fils ainsi emporté outre-Atlantique.
De nos jours, cinquante plus tard, on retrouve une Philomena vieillissante (Judi Dench donc) qui entreprend de retrouver la trace de son premier fils.
Elle sera aidée dans sa quête par Steve Coogan qui endosse le costume taillé sur mesure d'un pur produit du show-biz londonien, mi-journaliste mi-politique. À des lieues du bon sens provincial de Philomena (ses seules lectures sont des romans à l'eau de rose, façon arlequin).
On a donc deux films pour le prix d'un : en arrière-plan, l'histoire pas très reluisante de ces institutions moyenâgeuses (fucking catholics, je ne peux résister au plaisir de citer) et sur le devant de la scène, la relation de Philomena et du journaliste. C'est d'ailleurs ce superbe duo (d'acteurs et de personnages) qui sauve le film et aide à digérer quelques passages un peu trop mélos.
En évitant de surjouer l'opposition facile entre l'intellectuel cynique et la naïve provinciale, leur relation incongrue est pleine de sel, d'humour finaud et de respect humain. Jusqu'à la dernière réplique ils sont toujours à contre-pied l'un de l'autre, et pourtant on les devine faits pour s'entendre. Peut-être parce qu'ils s'écoutent, tout simplement.
Une comédie humaine très plaisante.

(1) - des dizaines de milliers de jeunes femmes furent enfermées dans les institutions des Magdelene Sisters, des "femmes perdues" souvent exploitées comme blanchisseuses (à défaut de laver les pieds du Christ). En 2002, un film de Peter Mullan raconte cette sombre histoire. La dernière blanchisserie des Sœurs de la Madeleine fut fermée ... en 1996 !


Pour celles et ceux qui aiment Judi Dench.
Keisha parle du livre. Cluny et Critikat parlent du film.



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