Cinoche : Maryland


L'histoire du GI Joe qui entendait des voix.


Voici une belle occasion de découvrir la cinéaste Alice Winocour (pour ceux qui comme nous, ont manqué son Augustine en 2012).
Maryland est un huis-clos (Maryland, c'est le nom de la villa de riches où se déroule les trois quarts du film) quelque part entre Shining et Panic Room.
Shining parce qu'on ne sait jamais trop si le héros a toute sa tête et si le pire ne viendra pas finalement de lui plutôt que des méchants qui rodent dehors (ou qu'il croit entendre roder dehors ?).
Panic Room parce que nos trois héros (la belle, la bête et l'enfant de la belle) se réfugient dans cette villa transformée en bunker alors qu'on frappe à la porte (et on frappe fort).
C'est peu dire que Matthias Schoenaerts porte le film sur ses épaules carrées parce que le film est centré sur lui, ou plus exactement parce que Alice Winocour nous donne à voir le film à travers lui. À voir et à entendre le film à travers lui.
Vincent (c'est son nom) est un de nos soldats revenu d'une campagne au Moyen-Orient après y avoir fait le sale boulot qu'on lui a commandé.
Revenu un peu cassé (sinistre scène à l'hôpital militaire ...), la tête en vrac : il a des flashs, des vertiges, des hallucinations et il entend toutes sortes de bruits et de sons. Hypersensible. La cinéaste s'est brillamment emparée de ce matériau et en a fait un étrange objet filmique : elle utilise toutes les ficelles de son art pour nous faire entrer dans la tête un peu abimée de Vincent.
Schoenaerts est impeccable et endosse ce rôle de bête traquée : il se frotte les tempes, se gratte la tête, il a les pattes écorchées et le seul être dont il se rapproche sera le chien de la maison.
Entre deux missions, Vincent enchaîne les petits boulots : pour quelques jours, le voilà chargé de la sécurité de la villa Maryland et de son occupante, Diane Kruger qui joue la belle, tenue de montrer ses jolies jambes et d'échauffer les sangs de la bête pendant que son riche libanais de mari est parti traficoter en Suisse.
Alors que l'orage gronde et que la pluie menace, Vincent voit des méchants roder autour de la villa et de la belle. Est-ce que les trafics du libanais ont attiré la foudre sur Maryland ?
Mais peu importe la pseudo intrigue politico-policière qui restera très très mince (1), ce n'est que l'un des nombreux bruits de fond qui torturent les oreilles de Vincent.
L'essentiel n'est pas là mais bien dans la tête et le corps de Vincent qui aura bien du mal à reprendre pied dans une réalité 'normale'.
Le scénario du film est bien ténu, sans aucune autre épaisseur que celle du personnage de Vincent : on sent à peine quelques longueurs jusqu'à une fort belle fin en forme de point d'interrogation.
Saluons quand même la scène à la sortie de la plage qui assurément, deviendra culte : une violence inouïe, montrée de façon hyper-réaliste et qui démontre qu'il y a encore plein de choses à découvrir au cinéma, bien loin des chorégraphies à la tarentino (qu'on apprécie beaucoup par ailleurs, ça n'empêche pas). On n'en dit pas plus pour ne pas spoiler mais après 'çà', on passe le reste du film accroché à son fauteuil en attendant la suite !
Ouf, le générique de fin, on rentre à la maison et on ferme les portes-fenêtres à double-tour !

(1) certains y voient une référence à Ziad Takieddine et aux tristes sires que sont ses amis (spoiler : et y'a plein de noms très très connus sur wikipédia !).

Pour celles et ceux qui aiment les têtes brûlées.
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