Cinoche : Jar city

Foutu marécage !

Que ceux qui ne connaissent pas encore la prose islandaise d'Arnaldur Indridason se précipitent sur le roman : La cité des jarres, dont a parlé il y a quelques jours.
Et que ceux qui ont déjà lu le bouquin courent dans la salle de ciné la plus proche (elles ne sont malheureusement pas nombreuses) pour voir Jar City.
Car l'adaptation, très attendue, s'avère très réussie : malgré quelques raccourcis destinés à faciliter la construction du film (l'intrigue est assez complexe avec de multiples personnages) on retrouve l'intégralité du bouquin, souvent mot pour mot, même si les rapides sous-titres ne valent pas la traduction d'Éric Boury.
L'ambiance inoubliable est là, filmée avec une image à gros grains. C'est froid, pluvieux, sinistre.
Visiblement le syndicat d'initiative de Reykjavik n'a pas visionné le film, sinon il ne serait jamais arrivé jusqu'à nous.
Car on a droit à une Islande bien différente de celle des catalogues de voyages : les campagnes sont plates, les villes sont tristes, c'est battu et rebattu par les vents, la mer, la pluie, ...  seuls les oiseaux de mer y semblent à l'aise.
Mais que font donc les 300.000 islandais perdus là-bas ?
Ce pays où soufflent le chaud et le froid doit être plein de contrastes : on peut avoir en tête les nuits agitées de Reykjavik (oui, avec une nuit de 6 mois ils ont intérêt à rester branchés), mais l'échantillon de la population locale que nous donne à rencontrer ce film est bien loin de Björk : quel casting !
Des gens qui ont les pieds bien enracinés dans leurs bottes et leur île, comme pour résister aux vents marins.
Mon billet sur le roman était sous-titré "foutu marécage" d'une citation tirée du bouquin : le film s'en fait l'écho et nous colle les pieds dans la gadoue. L'humanité s'y retrouve comme engluée.
Et puis au ciné, en plus du livre, il faut une bande son : Jar City est accompagné de chœurs poignants qui mettent en relief les paysages désolés de l'île et la misère des hommes.
Comme si le chant était la dernière solution pour élever notre âme et quitter le marécage humain. D'ailleurs, à la fin du film, l'inspecteur Erlendur semble retrouver un semblant de sourire en chantant avec ses collègues de la chorale de la police (dans le bouquin c'était en s'endormant sur l'épaule de sa fille).
On ne répètera pas ici l'intrigue qui n'est autre que celle du roman. Les fans de l'inspecteur Erlendur retrouveront tous leurs personnages préférés : le beau Sigurdur Oli, Elinborg (qui ressemble, on s'en doutait, à Marge Gunderson du Fargo des frères Cohen), et bien sûr Erlendur lui-même, une sorte d'inspecteur Derrick au pôle nord.
On regrette juste de ne pas avoir aperçu l'énigmatique Marion Brem qui aura sans doute pâti de la nécessaire simplification de l'intrigue, déjà passablement compliquée.
Il se dit que, Indridason ayant finalement apprécié cette adaptation de son roman, Baltasar Kormakur, le réalisateur, préparerait une adaptation de La femme en vert. On a hâte de repartir pour cette sinistre contrée !


Pour celles et ceux qui aiment les polars d'Indridason.
De rares blogs en parlent ici ou . La critique, toujours sévère, de Critikat.
Pascale, qui n'avait pas lu le livre, a bien aimé le film (et se retrouve condamnée à lire le bouquin !).

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