Cinoche : Gibraltar

Lequel détroit finira par trahir ?

Après la Contrebande de l’an passé (qui était beaucoup plus hollywoodien), voici une autre histoire de trafic et de bateaux avec Gibraltar, le dernier film de Julien Leclercq, qui oscille entre le polar et le film-dossier contemporain, de ceux qui revisitent notre histoire très récente (dans le sillage des Zodiac, Argo, No, …).
Dans les années 80, les douaniers (de tout bord : français, espagnol, anglais) ne savent plus comment contenir le trafic de drogue depuis le Maroc, un trafic en pleine expansion.
Gilles Lellouche a quitté la France pour l’îlot britannique (fuyant des créanciers) mais il est toujours aux abois : il n’arrive plus à payer les traites de son restaurant, ni de son bateau(1).
Tahar Rahim, un agent des douanes françaises ambitieux, « recrute » G. Lellouche pour qu’il lui serve d’indic et le renseigne sur les livraisons (en contrepartie d’un pourcentage sur les saisies).
Dans les douanes on dit pas « indic », on appelle ça un « aviseur ».
Avec l’espoir de rembourser ses dettes, Lellouche s’embarque dans une spirale infernale(2) et se retrouve très vite sous la pression insoutenable des douanes françaises, des douanes britanniques (la coopération n’est pas un modèle d’efficacité) et des trafiquants !
D’autant qu’on s’attaque bientôt à un gros bonnet affilié aux colombiens, incarné par Riccardo Scamarcio (très belle gueule à la Benicio del Toro).
Comme tout cela est la transcription fidèle d’une histoire vraie (celle de Marc Fiévet), on sait comment ça va finir : l’aviseur, lâché par tout le monde et surtout par les douanes françaises et son agent traitant, passera dix ans en taule.
La bande-annonce laissait entrevoir un film violent et trépidant : le résultat est beaucoup plus sage mais reste très instructif.
Avec une reconstitution réussie des années 80, de fort belles images du Rocher de Tarik et de Tanger, un générique astucieux qui donne le contexte en quelques secondes et bien sûr une plongée passionnante au milieu du détroit, entre les trafiquants en tout genre et pour toutes causes et les services des douanes des différents pays.
Au fil de la descente aux enfers de Lellouche, la tension monte inexorablement, au fur et à mesure que son personnage s’emberlificote presque malgré lui dans une situation inextricable. Une mécanique impitoyable(3) que personne ne semble vraiment maîtriser et qui finira par le broyer.
Inutile de dire que les services des douanes ne sortent pas vraiment grandis de l’affaire …
(1) - très beau, le bateau !
(2) - contre l’avis de sa ravissante épouse : Raphaëlle Agogué au délicieux look rétro
(3) - quand on nous dit que la réalité dépasse souvent la fiction !

Pour celles et ceux qui aiment les espions.
L’avis de Filmosphere.


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