Cinoche : Snowpiercer

Lutte des classes ferroviaires.

BMR n'avait jeté qu'un œil distrait et lointain sur la bande-annonce de ce qui pouvait paraître comme encore un énième remake d'un comix Marvel avec super-héros et tout et tout.
MAM, pourtant habituellement réfractaire à ce qui s'apparente même de loin à de la sf, prêta une oreille plus attentive aux critiques radiophoniques. Et comme depuis la gare de la Ciotat, train et cinéma font habituellement bon ménage, et puis aussi quelques blogs enthousiastes aidant, nous avons donc embarqué à bord du Snowpiercer, adaptation coréenne d'une BD française des années 80 (pas lue, la bd).
Bien loin de l'image habituellement poétique et gentille de nos parcs et jardins : ce perce-neige-là est un train futuriste lancé à cent à l'heure dans un monde glacé.
En 2014 (dépêchez-vous de faire des provisions, c'est demain !), en 2014 nos gouvernants, toujours bien avisés, balancent des trucs savants dans le ciel pour lutter contre le réchauffement climatique.
Résultat, c'est la cata. Et notre bonne vieille terre entre carrément dans une nouvelle ère glaciaire, adieu le “réchauffement” climatique ! En 2031, c'est le Jour d'après (et même quelques centaines de jours après) et toute vie a désormais disparu de la planète, à l'exception de quelques élus embarqués à bord du train, sorte d'arche de Noé moderne. Le Snowpiercer tourne en boucle autour de la terre. S'il s'arrête tout le monde gèle. Si on ouvre la fenêtre, on gèle.
À bord, la vie est organisée d'une main de fer pour maintenir l'écosystème en état stable.
Dans les wagons de queue s'entassent de pauvres hères, une sorte de lumpenprolétariat ferroviaire, nourri avec une sorte de “soleil vert”.
En tête du TGV, l'élite nourrie aux sushis et un mystérieux Mr. Wilford, qui semble tout régenter tel un capitaine Nemo version sncf.
Entre les deux, toute une série de wagons aux décors et personnages délirants qu'on vous laisse découvrir.
Ce train est une métaphore horizontale de notre société, de ses clivages verticaux et de ses luttes de classes(1) : il tourne depuis 18 ans autour de la planète. Les plus jeunes sont des “enfants du train” et n'ont jamais mis le pied sur terre, ni même dans les neiges glacées.
Un beau jour, les miséreux de la queue du train s'enhardissent et font la révolution pour rejoindre le wagon de tête : il leur faudra franchir chaque étape, chaque wagon, un peu comme dans un jeu vidéo.
Nous voici enfermés pour deux heures de huis-clos (sinon, on gèle), dans une salle comble et à l'intérieur de ce cadre ferroviaire plutôt original : sacré prouesse cinématographique mais claustrophobes s'abstenir.
D'autant que si la BD était française, le film lui, vient de Séoul : alors mieux vaut être prévenu, l'épopée sera sanglante, âmes sensibles s’abstenir. Les coréens ont définitivement un rapport aux armes blanches et tranchantes qui n'est pas le notre et on fermera les yeux plusieurs fois !
On ne vous en dévoile pas plus évidemment et on ne vous dit rien des péripéties et surprises finales, on vous laisse découvrir tous les rouages de la mécanique. Certains sont astucieux, d'autres sont un peu plus lourdingues.
Ce train sanglant, violent et décadent qui tourne en rond et sans fin autour de la planète est aussi une métaphore de notre monde sanglant, violent et décadent qui fonce à toute allure vers sa perte pendant que le climat se dérègle : les coréens sont bien placés pour en parler, eux qui comptent aujourd'hui parmi les wagons de tête.
Mais les propos du cinéaste Bong Joon-Ho sont aussi un peu plus complexes (et désabusés) que cela  : tout comme dans Mother, il nous mène par le bout du nez et ne nous a montré qu'une partie de la réalité ...

(1) - entre les secondes et les premières, nous dirait la sncf ? ah, ah.


L'avis de Critikat.



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