Cinoche : Les combattants

No future …

On a bien failli passer à côté de ce ‘premier film’ de Thomas Cailley pourtant remarqué à Cannes.
Il aura fallu l’insistance de MAM pour convaincre BMR qui avait gardé le goût amer d’une bande annonce qui (vue sans doute trop rapidement) semblait pencher du côté des survivors aux crânes rasés.
Ce volet pseudo-militaire s’avère bien trop réducteur pour Les combattants, un film attachant, tendre et surprenant qu’il est bien difficile de résumer.
L’histoire de jeunes qui ne sont plus ados et qui hésitent à entrer dans notre monde d’adultes anxiogène.
Deux d’entre eux : la déjà remarquée Adèle Haenel et le remarquable Kévin Azaïs.
Lui, n’est pas très chaud pour reprendre l’affaire familiale de menuiserie, un fardeau qui semble peser bien lourd.
Elle, est diplômée en macro-économie : ça sert à prévoir les mouvements économiques à venir, mais comme il n’y a pas de futur, à quoi bon prédire l’avenir ?
Car elle est convaincue que la fin du monde, c’est pour demain, après-demain au plus tard. Et quand on voit ce qu’on voit et qu’on entend ce qu’on entend, on se dit qu’elle a pas tout à fait tort de penser ce qu’elle pense.
En prévision de la fin annoncée, il faut donc se préparer à survivre.
Thomas Cailley laisse entendre qu’il ne s’agit pas que d’une lubie personnelle de la jeune Adèle : en chemin, ils rencontreront un autre jeune qui enchainent les PM commandos, les préparations militaires, avide comme elle d’apprendre les ‘trucs’ utiles pour survivre à la fin. Comme cette astuce qui consiste à se pisser dessus quand on est coincé sous une avalanche et deviner ainsi le sens de la pente pour savoir où creuser. Faut avoir été dans les chasseurs alpins pour apprendre ça.
Ou se faire des smoothies de poisson cru (entier, hein, avec les yeux et les arêtes) au blender pour s’habituer au goût quand y’aura plus que ça à bouffer sur la planète.
Kévin va donc suivre Adèle, tombé raide (dans tous les sens de l’expression) de la jeune femme.
Pour ces jeunes, pas d’avenir et un corps dont ils ne savent trop quoi faire : lui, mignon et gringalet, pas combattif pour deux sous, elle qui s’entraîne à nager en apnée avec un sac à dos de quinze kilos de briques.
Mais tout cela ne dit que finalement très peu de choses de ce film surprenant.
Beaucoup d’humour (beaucoup), très fin : on rit franchement et souvent. Personne ne se prend vraiment au sérieux, il y a du second ou du troisième degré, Cailley ne cherche jamais à défendre une quelconque thèse socio-politique.
Un discours très fin, décalé, qui sait éviter sans faillir les (nombreux) pièges casse-gueule, et tailler des dialogues au poignard de ranger.
Beaucoup (beaucoup) de tendresse aussi pour les personnages (tous).
Et enfin, deux acteurs formidables. Bien sûr il y a Adèle Haenel (25 ans), déjà remarquée à plusieurs reprises [clic] et qui trouve là un rôle fait pour elle, taillé tout exprès pour sa carrure. Ses répliques font mouche à chaque coup, qui seraient ridicules dans la bouche d’une autre.
Face à cette future star du ciné français, la surprise vient d’un illustre inconnu : Kévin Azaïs qui réussit, du haut de ses 22 ans, à tenir la dragée haute à sa collègue. Le duo est tout bonnement parfait.
Tous deux doivent assurément une fière chandelle au réalisateur … et réciproquement !
Les jeunes (en général) n’ont sans doute pas d’avenir mais ces deux-là (en particulier) et le cinéma français peut-être …
On est à deux doigts du coup de cœur … et promis, on reste à l’affut, pour survivre, ne pas subir !


Pour celles et ceux qui aiment les bonnes surprises.



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